mardi 30 décembre 2008

Desperate Office Man…

Dans un monde de bureaucrates et de technocrates, être consultant c’est être borgne au royaume des aveugles… Si vous êtes en plus en mission dans une des plus vieilles institutions du monde, j’ai nommé la poste, vous devenez rapidement borgne au royaume des morts. Mais nul n’étant prophète en son pays, il est toujours plus aisé de faire venir de l’extérieur des consultants susceptibles d’apporter le calme, la neutralité et la sagesse dans un projet tenu à bout de bras par deux bonnes femmes qui passent leurs journées à se crêper le chignon. Votre rôle de consultant devient vite un enfer, et vous passez immanquablement du rôle d’expert en organisation et management, à celui de conseiller conjugal pour femmes mures en mal d’affirmation professionnelle ou personnelle.
Votre femme et vos enfants vous manquent horriblement, et il vous démange sérieusement de faire payer à ces andouilles votre déportation au pays des idiots. Alors vous vous défoulez sur le premier blogue qui vous passe sous la main, juste histoire de ne pas leur envoyer à la figure toutes les insultes darija que vous avez apprises ces derniers jours (à défaut de chaussures… il gèle dehors !).
C’est bien la peine de venir au Maroc pour vivre l’aventure du dépaysement si c’est pour se retrouver en mission en France durant l’année.
Bon, il faut que je trouve un moyen pour que A accepte de remplir pour B un tableau de bord dont le but non avoué est de fliquer A dans la conduite du projet où B n’arrive pas à tenir les délais parce que A ne sait pas remplir un cahier des charges complet… je me demande si je ne vais pas bouffer les deux tiens … ça simplifiera les choses. Oui mais B n’est pas contente et fait appel à son super chef C… qui va taper sur D (le super chef de B) et réclame une commission d’arbitrage sur l’ensemble du projet. Commission présidée par le super super chef de tout le monde, … E. Ha oui mais E est en vacances … Bon ben c’est pas grave, on va attendre, on est pas à quelques centaines de milliers d’euros prêts. Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! (Audiard)
Moi je fais mes tableaux et mes slides en attendant … Et je vais mourir d’une indigestion à force de bouffer tous ces cons.

lundi 8 décembre 2008

Desperate housewife in Rabat !

"Previously on Desperate Housewife in Rabat"... Lynette a appris par Susan, qui n'a pas su tenir sa langue, que Bree s'est fâchée avec Gaby parce qu'elle a dit que ses muffins ne sont pas bons. Pendant ce temps à Wisteria Allah Lane, Olivier a pris l'avion lundi matin pour une mission de trois mois à Paris, et Steph, qui a presque démissionné de son boulot à l'Agence de communication mais continue ses missions pour les ONG, reste à Rabat avec les filles. Logé chez sa soeur à Versailles, Olivier a découvert le très chic siège de sa société à Paris. Il va rentrer le 19 décembre pour les fêtes de Noël. Mangera-t-il des muffins ??

mercredi 3 décembre 2008

Viaducs marocains

Fête du trône, anniversaire de Sa Majesté, Aïd Al Fitr, Journée de la Marche Verte, Indépendance, Aïd Al Adha, etc etc. Le calendrier marocain est rempli de jours fériés: des fêtes nationales ou religieuses qui se transforment en gigantesques ponts.
Par exemple la semaine prochaine l'Aïd tombe mardi et mercredi. Mais l'Aïd ça se prépare! bah oui on a un mouton à égorger, faut être sérieux on ne peut quand même pas travailler lundi. Et puis un mouton ça se digère, donc jeudi et vendredi on travaillera chouia chouia...
Un Marocain me disait récemment qu'entre toutes les fêtes, les ponts et le mois de ramadan, le Maroc travaille réellement 6 mois par an !
Et si l'on ajoute les fêtes françaises, les armistices et autres fêtes chrétiennes, ça glandouille un maximum dans les écoles françaises. C'est à peine s'il reste des journées de libre pour caser quelques petits jours de grève...

mardi 25 novembre 2008

De la légalisation du pardon

Nous sommes entrés sur le territoire marocain le 11 juillet dernier et notre visa touriste de trois mois a donc expiré le 11 novembre. Nous voilà en situation irrégulière depuis le 11 nov, à cause de la lenteur des démarches auprès du Ministère de l'Emploi pour avoir l'autorisation de travailler.
La Préfecture m'a donc réclamé "une lettre d'excuses" pour ce dépassement de visa touriste.
Mais attention : une lettre d'excuses légalisée s'il-vous-plaît pour réparer cette offense à l'administration marocaine.
Hé oui, ici il y a un Service administratif chargé de "légaliser" les excuses des étrangers repentants, avec 12 tampons, 3 signatures et 1 timbre fiscal à 2 dirhams inch allah...
Gros stress... Mon pardon va-t-il être administrativement validé ???
Oui !!! Hamdoulillah !!!! (louange à Dieu) J'ai enfin eu ce matin mon récépissé de Carte de Séjour.
Et du coup on a pu aller chercher notre voiture cet après-midi. Re-hamdoulillah !!!

lundi 17 novembre 2008

Bach à la médina

Hier soir on a assisté au concert de piano d'une amie libanaise vivant à Rabat, qui s'est produit dans un superbe riad de la médina tenu par d'autres amis (photos du riad là : http://rabat-riad.com/index.php). Les toccata, rondo et sonates de Bach, Debussy, Mendelsshon et Schumann ont empli la cour intérieure du riad où le piano avait été installé. Soirée magique !

Mon Désert des Tartares

« Ce fut un matin de septembre que Giovanni Drogo, qui venait d'être promu officier, quitta la ville pour se rendre au fort Bastiani, sa première affectation. »
« Il me semble que c'était hier que j'étais arrivé.»
Dino Buzzati

Depuis exactement trois mois, mon désert des Tartares est un petit quartier d'immeubles de bureaux. Sur les façades d'un blanc immaculé, les rayons du soleil se reflètent et éblouissent les passants. Après la chaleur moite de l'été, l'agitation du ramadan et les pluies d'octobre, mon "désert" est entré dans un hiver froid et lumineux. Au 4è étage du 16 rue Hussein 1er, au sommet du Fort, je guette les Tartares...
J'attends l'indispensable Carte de Séjour, j'espère d'improbables contrats et missions, et j'essaye d'entrevoir parfois mon patron fantôme.
Là-haut le quotidien est rythmé par les promesses et lubies de ce patron qui ne voit pas que sa société ressemble au Fort Bastiani : inutile et assoupie.

Mais contrairement au lieutenant Drogo, pas question de m'installer dans une attente indéfinie et oppressante. Puisque les Tartares ne viennent pas à moi, j'irai donc aux Tartares!!
J'ai imposé un mi-temps au Fort pour me consacrer à deux passionnantes missions pour des ONG, en tant que consultante en communication. Je dois les aider à imaginer et créer des outils (brochure, CD, site internet, etc.) dans lesquels ils racontent leurs activités de la façon la plus passionnante possible. Haaa... des vrais gens et de l'action! Enfin ! Pendant ce temps au Fort on attend toujours les Tartares. Mais moi j'ai la tête ailleurs.

Olivier lui aussi est parti à l'attaque... de Casablanca. Il travaille désormais dans un Cabinet de conseil comme consultant en stratégie et organisation. Héé oui consultant lui aussi.
Quant à Capucine elle est consultante en dinosaures (mais principalement les stégosaures s'il-vous-plaît), Jeanne consultante en pâtisseries marocaines et Lily consultante en sourires-avec-dents-qui-poussent.

lundi 3 novembre 2008

Arnaque?

Nous on est venu ici pour le soleil, le thé à la menthe en terrasse, le surf à Essaouira... hum hum y a tromperie sur la marchandise!!!
Depuis quelques semaines le Maroc est touché par des intempéries inhabituelles -dues au dérèglement climatique mondial il paraît. Plus d'une trentaine de morts, des milliers de sinistrés, des maisons effondrées, des barrages qui cèdent, le Maroc a connu un "octobre noir", ça n'était jamais arrivé... Apparemment on a emporté la saison des pluies malgache dans nos bagages...
A quand les cyclones tropicaux?

On était venu aussi pour la démocratie, la transparence, la liberté d'expression... Là aussi y a tromperie!!
Le dernier numéro de l'hebdomadaire français "L'Express" a été interdit par le ministère marocain de la Communication, à cause de son dossier "Le choc Jésus-Mahomet". Ce dossier, selon le ministère, "porte atteinte à la religion islamique, au régime monarchique, à l'intégrité territoriale, au respect dû au roi ou à l'ordre public". Pourtant L'Express avait réalisé une couverture spéciale (avec le visage de Mahomet caché) pour l'édition internationale diffusée au Maroc.
Apparemment Marc et M6 sont aussi chatouilleux l'un que l'autre quand les journalistes se permettent de parler de leur pays...

Et puis on était venu pour la tranquillité sanitaire... Là encore grosse surprise...
Capucine vient de passer trois semaines à recevoir des injections de vaccin antirabique, après avoir été attaquée par un rat dans son lit pendant une nuit. Elle va très bien, mais grosse frayeur... Et on attend le chikungunya de pied ferme...

Heureusement pour nous dépayser dans notre nouveau pays, on a le chant du muezzin, le couscous du vendredi, la gentillesse des Marocains, la beauté des murailles de Rabat, les vols de cigognes au dessus de la maison, les cours d'arabe de Khadija, la menthe plantée par Abdallah au bureau pour le petit thé de 16h... et puis, comme diraient les filles, les "ronds rouges au bout de la rue"...

lundi 20 octobre 2008

Inch'Allah

Tous les soirs au moment de se dire au revoir, Khadija, notre nounou, nous lance "à demain Inch'Allah !".
Comment ça Inch'Allah ??
Laissons Allah tranquille, demain faut venir travailler hein Khadija ???

En fait on a fini par comprendre que "Inch'Allah" ça ne veut pas dire "peut-être", ni même "si Dieu le veut"... c'est juste un tic de langage!

Chez un commerçant : vous avez du pain? oui Inch'Allah...
Au bureau : je peux parler à Mourad? je vous le passe Inch'Allah...
Au téléphone : je voudrais prendre rv avec le médecin. J'ai mardi 9h Inch'allah...

Bref pour avoir l'air bien intégré ici, faut mettre du Inch'Allah à toutes les sauces.

Allez... à bientôt sur le blog... Inch'Allah!

lundi 6 octobre 2008

Bon appétit monsieur lapin !

Il était une fois une petite souris verte qui décide de quitter son grenier pour vivre un peu plus loin, de l'autre côté de la rivière. Après un long périple la petite souris s'installe avec sa famille dans une très jolie ferme et commence à travailler pour mademoiselle pintade.
Mais la jolie ferme est un drôle d'endroit où les petites souris vertes ne peuvent habiter que si elles portent un bracelet d’argent autour d’une patte. « Hum hum c’est très compliqué d’avoir le bracelet d’argent» explique mademoiselle pintade à la petite souris - « mais je vais m’en occuper ».
Quelques semaines plus tard la petite souris n’a toujours pas le bracelet d’argent. Effrayée de devoir quitter la si jolie ferme, elle insiste, insiste et insiste encore auprès de mademoiselle pintade, qui n’est pas très pressée.
« Tout va s’arranger » annonce un jour mademoiselle pintade à la petite souris verte. « J’ai obtenu un rendez-vous avec monsieur lapin, le chef des bracelets d’argent, grâce à ma tante qui connaît très bien le cousin de sa femme et qui a arrangé un rendez-vous pour lundi ».

Lundi la petite souris verte et mademoiselle pintade se rendent au bureau des bracelets d’argent. En chemin mademoiselle pintade s’arrête au potager et met quelques carottes dans sa besace. « Monsieur lapin a sûrement besoin de carottes pour aller plus vite » - se dit la petite souris qui a déjà vécu dans la forêt des lémurs bruns et sait que tout avance mieux avec des petits cadeaux.
« Attend-moi ici » - dit mademoiselle pintade à la petite souris devant le bureau de monsieur lapin. La petite souris verte ne voit rien et n’entend rien. Mais quelques minutes plus tard mademoiselle pintade sort du bureau triomphante avec le bracelet d’argent. Bon appétit monsieur lapin !
La petite souris verte est ravie de son beau bracelet d'argent mais triste d'avoir encouragé la culture des carottes dans la si jolie ferme...

mardi 30 septembre 2008

Expiation

Depuis notre arrivée nous découvrons et mesurons chaque jour à quel point l'islam est présent au Maroc, dans la société, la vie quotidienne, l'Etat, etc.
Le Maroc a même un Ministère des Habous et des Affaires Islamiques, qui dispose d'un site web très complet et passionnant. http://www.habous.gov.ma
J'ai notamment beaucoup aimé la Foire aux Questions Islamiques...
Un exemple de questions posées :
"Pendant le mois du ramadan je me suis enerver avec ma belle mere et ce jour-la j'ai mangé, je ne sais pas ce qui m'a pris. Qu'est ce que je doit faire pour que Dieu me pardonne ?"

Réponse officielle du ministère : "Celui qui rompt le jeune pendant le jour du mois de Ramadan volontairement, sans aucune contrainte et étant conscient que cet acte est illicite doit jeûner un jour comme rattrapage, et expier. L'expiation en sera soit d'affranchir un esclave croyant exempté de tout défaut, soit de jeûner deux mois successifs, soit de nourrir soixante pauvres".


Hum... vaut mieux réfléchir à deux fois avant de se disputer avec sa belle-mère...

Collection Ramadan 2008

Voilà comment sont habillés les enfants marocains pour la fête de l'Aïd, la fête de fin du ramadan :

Défilé offert par Khadija et sa dernière collection "Ramadan 2008"... ou plutôt "Ramadan 1429".




jeudi 25 septembre 2008

Scènes de la vie quotidienne ramadanesque...

Il y a quelques jours l'une de mes amies marchait dans la rue en débardeur et veste pour aller à un rendez-vous. Comme il faisait très chaud, elle s'arrête dans la rue, enlève sa veste et poursuit sa marche en débardeur. C'est à ce moment-là qu'arrivent 3 grands barbus en costumes, genre pas très commode. Ils aperçoivent mon amie en débardeur et aussitôt se cachent le visage avec leurs mains, leur attaché-case, leur sacoche, leur pochette.... bref panique à bord... Ils ont failli être ébranlés! (cf post du 16/09). C'est fou le pouvoir d'un débardeur...

En ce moment, à cause du ramadan, les élèves des Ecoles françaises font "journée continue" comme on dit ici : ils sont en classe de 8h15 à 15h avec une petite pause pique-nique à 12h. Ce sont les parents d'élèves qui encadrent la pause pique-nique et Olivier y va de temps en temps. Aujourd'hui, alors qu'il aidait les enfants à manger leur sandwich, il est pris d'une petite fringale et grignote un bout de pain. Aussitôt une petite fille lui dit "hééé toi qu'est-ce que tu as dans la bouche???" "Ben un bout de pain" - répond-il pris en flagrant délit de rupture de jeûne en public... "Mais tu fais pas ramadan??? ça veut dire que t'es un petit alors !!! ha ha ha t'es un petit, t'es un petit !!!"

L'autre jour Olivier a voulu acheter une bouteille de vin... Ben oui, 2 mois sans une goutte d'alcool... On commençait à être en manque. Il est donc allé dans une grande surface avec un ami qui connaît les bonnes combines. Pour acheter une malheureuse bouteille de piquette espagnole, ils ont été introduits discrètement par le chef du magasin dans la pièce des bouteilles de vin et alcool, après avoir montré leur carte d'identité. C'est une pièce à part, fermée, réservée bien entendu aux infidèles buveurs d'alcool. Enfin.. le patron disait qu'il fait 60% de son chiffre d'affaires avec l'alcool... Il ne doit pas y avoir que des infidèles qui s'approvisionnent dans la pièce interdite. D'ailleurs à la caisse ils donnent un sac plastique noir, bien opaque, pour cacher l'objet du délit...

Quant à moi dans mon bureau mes collègues ont mis Brel à fond aujourd'hui... Pas très Ramadan comme ambiance...

mercredi 17 septembre 2008

Parce que.

Et pourquoi le Maroc? That is the question.
Visiblement ça intrigue. C'est LA question, celle qu'on nous pose à chaque fois qu'on rencontre d'autres étrangers expatriés.
Et pourquoi vous êtes venus au Maroc? Et pourquoi vous êtes partis de Madagascar ? Et pourquoi vous n'êtes pas allés dans un autre pays ? Et pourquoi le Maroc ?
Et pourquoi ? Et pourquoi ? Et pourquoi ?
Du Capucine dans le texte au meilleur de sa forme.
Ben pourtant c'est évident !!

Après la seconde guerre mondiale, le Sultan Mohammed, futur Mohammed V, soutient l'Istiqlal, le mouvement nationaliste marocain, dénonce la répression française et revendique l'indépendance de son pays. Les relations se tendent avec les autorités françaises qui arrêtent le Sultan Mohammed en 1953 et l'exilent à... Madagascar avec ses deux fils (dont le futur roi Hassan II) qui sont scolarisés à Saint-Michel, le collège jésuite de Tana.
En novembre 1955, après deux années passées à Madagascar, le Sultan Mohammed et ses deux fils font un retour triomphal à Rabat et Mohammed V monte sur le trône du Maroc indépendant. Il décède en 1961, laissant sa place à son fils Hassan II.


retour triomphal de Mohammed V à Rabat

Donc après Madagascar c'est le Maroc, c'est tout. Voilà.
Maintenant faudra plus nous demander.

PS : nous on n'a pas fait d'arrivée triomphale à Rabat après notre exil malgache... Pourtant on avait trois princesses dans nos bagages...

mardi 16 septembre 2008

Inébranlable

Au Mac Do en ce moment c'est ambiance Happy Meal le midi... La célèbre petite boîte des menus juniors trône sur toutes les tables, les enfants se gavent de frites et comparent leur jouet-cadeau en plastique made in china, sous le regard endormi des mamans.
En ce mois de Ramadan rares sont les restos ouverts en journée, car seuls les enfants ont le droit de manger entre le lever et le coucher du soleil. Enfin... en théorie, car certains Marocains issus de milieux aisés, intellectuels, occidentalisés, ne jeûnent pas vraiment... ou plutôt font semblant de jeûner et de ne pas fumer.

L'important pour les Marocains qui ne font pas le Ramadan c'est de sauver les apparences :
"Ils font semblant de jeûner devant leurs enfants (et la bonne, bien sûr) mais dès que ces derniers sont absents, ils se précipitent pour se faire un café à la hâte, ou fumer une cigarette. Pour nombre de Marocains qui ne font pas Ramadan, manger n’est pas le plus important. Par commodité, ils s’en abstiennent, mais refusent de faire la moindre concession sur le café et le tabac : «Sans cela, je suis incapable de travailler», avouent sans détour certains d’entre eux. Certains cadres de sociétés, pourvus d’une cafetière dans leur bureau, s’en servent sans scrupule et en toute quiétude, mais ils ferment la porte et ouvrent les fenêtres dès qu’il s’agit d’allumer une cigarette, à cause de l’odeur. «Plutôt par respect pour les autres employés de la société qui jeûnent, que par méfiance ou par peur de leurs réactions. C’est un secret de polichinelle : tout le monde sait que nous ne faisons pas Ramadan.» Les petits employés, eux, n’ont d’autre choix que de s’enfermer discrètement dans les toilettes pour aspirer rapidement et goulûment quelques bouffées." (in "www.bladi.net" portail de la diaspora marocaine)

La discrétion est donc de mise, car l’article 221 du Code pénal marocain est clair : «Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps de Ramadan, sans motif admis pour cette religion, est puni d’un à six mois d’emprisonnement et d’une amende de 12 à 120 DH».
"Notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane" ça désigne en réalité tous les Marocains. Car le Marocain est forcément musulman : au Maroc l'Islam est religion d'Etat (article 6 de la Constitution). De plus tout ce qui concerne l'Islam dans la constitution ne peut pas faire l'objet d'une révision constitutionnelle (article 106)...

Enfin l'article 220 du code pénal prévoit la condamnation à une peine de 3 à 6 mois de prison pour "quiconque utilise des moyens pour ébranler la foi d’un musulman ou le convertir à une autre religion. "
Hum... bon moi je vais ranger ma médaille de baptême et mon Big Mac... Des fois que ça en ébranle deux ou trois...

dimanche 7 septembre 2008

Bonne rentrée !

1ère semaine d'école... et de ramadan. Et quelques impressions...

Capucine a découvert sa classe de Grande Section à Albert Camus, l'école française, et sa maîtresse Sylvie. Il y a trois ou quatre élèves français dans sa classe, les autres sont Marocains, entrés pour la plupart sur concours ! Hé oui un coucours d'entrée en Grande Section de Maternelle... Comme les places sont chères, les parents ont fait bachoter leur progéniture. Du coup ils ont tous fait le programme de CP avant d'entrer en Grande Section!

Capucine a aussi démarré les cours d'arabe dialectal à l'école : 3 heures de cours avec M. Mohammed. Elle commence à avoir du vocabulaire... Mais la plus avancée en arabe c'est Lily... immersion intensive toute la journée avec Khadija sa nounou.

Jeanne aussi est enchantée d'aller à l'école... ou plutôt enchantée de manger à la cantine. Elle en rêvait depuis longtemps et elle ne parle que de ça, la cantine c'est le clou de sa journée !! Quant à l'école et la maîtresse...
Petite remarque de Jeanne vendredi soir : "Maman tu sais qu'il y a aussi une école dans ma cantine ?!" Non ???! c'est dingue ça...

Début du Ramadan cette semaine : les rues sont désertes, les bistrots, les snacks, les restau sont fermés toute la journée. Rabat s'anime quand le soleil se couche, c'est l'heure du ftour (un léger repas de rupture du jeûne), l'avenue Mohammed V est pleine de jeunes qui déambulent en attendant de rejoindre leur famille pour le grand repas du soir.
Pour le grand repas vers 22h de multiples plats se succèdent (bien arrosés - d'après un collègue marocain... mais chut... l'alcool est interdit bien sûr), et ensuite, après une courte nuit, on remet ça à 4 ou 5h du matin avant le lever du soleil.
Ramadan karim à tous!

lundi 1 septembre 2008

J-1

Ça y est, la lune a parlé : le Ramadan commence finalement demain matin. Ouf... j'ai pu prendre mon petit expresso avec mes collègues ce matin dans le café en bas de l'Agence. A partir de demain tout sera fermé. Pendant un mois : interdiction de fumer, de manger, de boire... et même d'avaler sa salive!
Tous les restos et bars seront fermés jusqu'au coucher du soleil... sauf le Mc Do, où les étrangers peuvent manger à condition de présenter leur Carte d'identité, pour prouver qu'on n'est pas Marocain, et donc non-soumis au jeûne.

J-1 aussi pour l'école. Demain c'est la rentrée des classes : Capucine entre en Grande Section à Albert Camus (école française) et Jeanne en petite Section dans une école privée. Nouvelles écoles, nouvelles maîtresses, nouvelles copines... et grosse excitation!


PS : on a changé d'heure depuis ce matin... Décision du roi pour que la rupture du jeûne soit une heure plus tard... ça laisse plus de temps pour préparer les tajines! On a donc maintenant deux heures de moins qu'en France. Midi à Rabat = 14h en France (et 15h à Mada).

vendredi 29 août 2008

Jeûne et grande bouffe

Le gouvernement marocain va annoncer aujourd'hui un Plan spécial pour faciliter l’approvisionnement des magasins en farine, œufs, sucre, huile, lait, etc, pour éviter les pénuries, les spéculations et inflation brutale.
Car le Ramadan commence lundi prochain (ou mardi? personne ne sait vraiment apparemment... il paraît que ça dépend de la lune... ???) et en ce moment tout le monde se rue sur les paquets de farine de 10kg, les bidons d’huile de 10l ou les caisses d'oeufs… 200 millions d'oeufs vont être consommés en un mois : soit 7 oeufs par personne chaque jour !!!

Moi je croyais que le Ramadan était un mois de « jeûne » ??? En principe il s'agit de jeûner pour se rapprocher des pauvres non ?
Et ben non pas du tout… Le Ramadan c’est le mois pendant lequel on mange le plus !! Avant le lever du soleil et après le coucher c’est la grande orgie.

vendredi 22 août 2008

Anniversaire royal

Le mois d'août au Maroc c'est comme le mois de mai en France... ponts, viaducs et aqueducs à n'en plus finir. Après la fête du trône et diverses fêtes nationales dont on n'a pas réussi à comprendre le sens, cette semaine c'était la fête de la jeunesse et l'anniversaire de Sa Majesté.
Pour fêter ça hier soir à la tombée de la nuit un grand spectacle était organisé sur l'embouchure du Bouregreg, le fleuve qui traverse Rabat. Comme des dizaines de milliers de Rbatis on a pu assister à un son et lumière très ambitieux sur l'eau, sur les berges et dans les airs : feux d'artifices, projections de lumières sur les murailles de la Kasbah des Oudayas, danseurs et cavaliers, chars... et un mystérieux éléphant géant.
Il paraît que ça retraçait l'histoire des Oudayas avec la prise de la ville par les pirates, mais d'après le programme il y avait aussi une histoire de cheval magique, d'éléphant et un bal d'hippocampes... Hum... pas très clair le scénario... Enfin on a bien aimé la péniche customisée en bateau de pirates et surtout les illuminations sur les remparts. Mais tout ça était un peu longuet et on est parti au bout d'une heure et demie après la fin du 1er acte... sur 4...
Je ne sais pas à quelle heure il a soufflé ses bougies le roi??!

A part ça on a enfin emménagé dans notre maison!! on a déballé nos 30 m3 de cartons... Un peu de casse, une chaise bizarrement oubliée au port de Marseille, mais la villa est géniale et on est enfin CHEZ NOUS !

mercredi 13 août 2008

1 jour à Rabat

5h : Le muezzin du coin appelle les croyants à la prière.
7h : Lily pleure... Qui se lève? Tu dors? mhh... Premier bib de la journée.

Petit déj avec du pain made in chez Paul... la classe hein? et même pas cher. Faut dire que la farine est subventionnée ici. L'Etat fixe un faible prix de vente et supporte la différence avec le prix réel. Bref nos tartines sont sponsorisées par M6...
9h30 : la femme-de-ménage-cuisinière-nounou des Américain arrive en bougonnant, ne dit pas bonjour, commence à faire la vaisselle, me convoque dans la cuisine : "faut que vous alliez faire des courses et les pommes de terre faut pas les ranger là et je peux pas faire de repassage et je dois partir à 14h j'ai rendez-vous avec des amis". hum hum... haaa le personnel c'est plus ce que c'était... Mais bon, ça fera un bon sujet de conversation pour le prochain dîner entre expats'. (ça c'est pour les clichés sur les expats'...)
Pendant ce temps Lily se bidonne.
10h : Capucine veut "faire du travail". Faut inventer des nouveaux exercices de maths, lecture ou écriture. "Maman tu me prépares un algorithme hyper dur hein?"... euh... un algoquoi ??? Mais qu'est-ce qu'elle a appris en moyenne section ???

Jeanne saute, saute, saute sur le trampoline.
Le muezzin donne de la voix (enfin... la chaîne hi-fi de la mosquée...)

Nous on regarde sur internet les résultats de la nuit aux JO. Chez les Américains y a un décodeur piraté qui capte 200 chaînes arabes et (parfois) CNN, et c'est tout. Donc pas de JO à la télé hélas. C'est bien la peine de venir habiter dans un pays civilisé!!
Lily, elle, est écroulée de rire. 2è bib.
12h30 : quel est le menu? tajine ou tajine ou tajine? Tajine à l'huile : c'est la seule chose que sait faire Amina apparemment. Faut dire qu'avec les Américains ils ne mangent que des nuggets et des hamburgers... Parfois ils inversent. (ça c'est pour le cliché américain... Sandy, si tu nous lis, MERCI BEAUCOUP pour la maison et pour Amina !!!)
14h : café à la Véranda ou au 7ème art, avec un petit passage à la pâtisserie du Majestic, pour se faire un assortiment de "cornes de gazelles" et autres pâtisseries merveilleuses aux amandes et au miel... Lors du Ramadan les pâtisseries sont spéciales Ramadan paraît-il : il s'en passe des choses durant ce mois 9 (c'est comme ça qu'on dit septembre ici).
15h : deux jus, un thé à la menthe, un bib et 1kg de cornes de gazelles plus tard, il est temps de réfléchir à ce que nous allons faire cet après midi ... mhhh ... Se balader dans la Kasbah des Oudayas ou aller chatouiller la cigogne au Chellah. Avis demandé aux filles : ce sera la forêt du Hilton. Bah oui elle est géniale la forêt du Hilton, elle est infestée de loups et de crocodiles! Heureusement y a des fusils partout par terre pour exterminer les méchantes bêtes.
Cette forêt d'eucalyptus est le Central Park des Rbatis : les chemins sont remplis de joggers et joggeuses... en jogging - ça c'est normal - et kway... ça c'est bizarre vu la pluviométrie du coin...
17h 30 : Capucine et Jeanne ont tué quelques dizaines de loups. Maintenant elles négocient ferme pour ramener à la maison les bâtons... euh pardon, les fusils. Bon allez... 1 fusil chacune... C'est qu'elles négocient comme des vraies marchandes de tapis... Lily est morte de rire. 4è bib. Et le muezzin remet ça.
Le muezzin chante et les fidèles prient... n'importe où. L'autre jour dans le grand supermarché de la ville je suis tombée sur deux musulmans à genoux sur leur tapis de prière, face contre terre, les fesses en l'air, entre le rayon lave-linge et les frigos...
19h30 : dîner et nouveau bombardement de questions de Capucine... Et pourquoi?? et comment?? On parle des différentes périodes de l'Histoire... "Alors Mamie Jacqueline elle était dans le ventre d'un Homme Préhistorique?" Hum... hum... pas évident la chronologie à 5 ans... (Mamie J elle a pas Internet hein ?... )
Lily s'esclaffe.
20h : 80è diffusion de Tchoupi, les Petits Einstein, Peter Pan, Merlin, l'Age de Glace... on s'en lasse pas. Grande première, ce soir c'est "Maman J'ai raté l'avion !", mais Jeanne trouve que le petit Kevin il est pas gentil de faire mal aux voleurs... Le bien .. le mal ... tout ça ... charabi et charabia...
21h : Dernières vocalises du muezzin...
Les filles se couchent ... Jeanne se relève 4 fois : "demain on pourra faire une activité de... euh... poulet, crocodile, bouée, crayon, ..." suivant l'objet ou l'image qui lui passe sous les yeux à ce moment. Quant à Capucine, ce sera d'abord de l'eau, puis une question philosophique... "si on nous enterre sous la terre comment on fait pour aller au ciel ?" ... hein? comment on fait alors??? ou "Comment il a fait Jésus pour faire des miracles ? moi aussi je peux en faire ? Mais pourquoiiiiiiiiiiii ?".
22h : 5è bib, fou rire et dodo pour Lily. Tout le monde dort ? sûr ? sûr sûr ?? Rhaaaaaaaaaaaaaa......
Alors nous aussi on y va !!!
Bonne nuit !!!

vendredi 8 août 2008

Le premier

On est à peine arrivé à Rabat, et déjà le voilà.
Ce sera notre premier.

Le tout premier pour nous. Nous les bleus, les p'tits nouveaux, les pieds tendres.
Les autres ils connaissent, ils savent eux.
Vous allez voir ce que vous allez voir.
Pour son premier, on est toujours surpris - ils nous disent. Parce que ça déstabilise, ça bouleverse tout. On est obligé de changer toutes ses habitudes.
A ce point ?
Mais oui! Les enfants, le travail, les rendez-vous, les discussions, les journées et les soirées, rien n'est plus comme avant.
Certains ça les met de mauvaise humeur, il paraît. Alors faut s'y préparer. Faudra pas s'énerver ou se vexer.
Et puis ça fatigue. Ben oui... parce que jour et nuit ça occupe! Le jour on attend, la nuit on se rattrape.
Jour et nuit, c'est presque pas humain.

C'est à peine si on peut travailler. En tous cas ça met tout le monde au ralenti, on nous a dit. Vous allez voir.
Imaginez: des millions de personnes au ralenti.
Vraiment tous? Ils le font tous? Vous verrez.
On a hâte de voir. On nous en parle tellement depuis notre arrivée.
Faut dire que ça approche. C'est pour septembre. Tout le mois de septembre. Pendant un mois entier ça dure!
Et puis cette année ça tombe en été, quand le soleil se couche tard. Donc encore plus de bouleversements dans le rythme de vie. Et encore plus de fatigue.
Vous allez voir ce que vous allez voir.
Ça oui on l'attend notre premier ramadan.

jeudi 7 août 2008

Ici ça bouge...

Ici les nounous téléphonent le dimanche pour prendre des nouvelles des enfants qu'elles gardent pendant la semaine, et les douaniers parlent littérature.
Ici les gens parlent et sourient.
Ici on demande toujours à son interlocuteur des nouvelles de ses enfants même si on ne le connaît pas.
Ici on fait des bisous aux enfants quand on se promène dans la rue.
Ici on peut se promener dans la rue.
Ici tout le monde mange pareil le vendredi : couscous.
Ici tout le monde mange pareil les autres jours : tajine.
Ici le drapeau est fierté et le portrait du roi est au mur de chaque échoppe, chaque magasin, chaque restaurant.
Ici le Sahara est marocain.
Ici on est dans un gigantesque chantier : autoroutes, eau potable, électricité, port, tourisme, TIC.
Ici le boom économique c'est grâce à M6.
Ici le pouvoir c'est lui.
Ici la Commission de Visionnage a le droit d'interdire ou couper des films.
Ici certaines choses sont halâl (autorisé, permis), d'autres harâm (péché, interdit).
Ici on peut trouver n'importe quel film piraté et capter n'importe quelle chaîne de télé.
Ici on se voile et on se dévoile.

Ça crève les yeux, le Maroc est pleine mutation depuis l'avènement de M6, qui multiplie les réformes et les chantiers, que ça plaise ou non. Pour certains c'est trop, pour d'autres c'est pas assez... Certes les libertés ne sont pas toutes garanties. Mais au moins le Maroc bouge, agit, investit, construit, conteste,
réfléchit, revendique.
Par exemple aujourd'hui les femmes peuvent se marier sans le consentement de leur père ou prendre l'initiative de divorcer. Seul hic : elles ne connaissent pas forcément leurs droits.
Ici ça bouge... doucement.

Post-scriptum : voici une petite plaisanterie très connue:
"Mohammed V a libéré le Maroc,
Hassan II a libéré le Sahara,
Mohammed VI a libéré ta mère..."

mardi 5 août 2008

A bon port

Ca y est, fin des tribulations épiques pour nos meubles ! Le container (ou plutôt les deux bouts de container pour ceux qui suivent...) est arrivé au port de Casablanca.
Hier Olivier a donc fait un aller-retour à Casa pour le dédouanement et il a eu quelques sueurs froides lorsque le douanier, l'air circonspect, lui a dit : "30 cartons de livres là-dedans? vous êtes des grands amateurs de littérature?"
Il n'y a pas si longtemps, sous Hassan II, il fallait fournir au Comité de Censure la liste détaillée de tous les livres et disques qu'on voulait faire entrer sur le territoire marocain. Des fois qu'on importe de la littérature subversive...
Je suis en train de lire un roman d'un auteur marocain qui fait le récit de son retour au pays après ses études en France, avec dans ses valises quelques livres et des carnets de notes. Il s'est fait conduire au poste manu militari et interroger avec brutalité. Nabokov ça a pas plu aux douaniers. C'est qui ce Russe? un blasphémateur sans aucun doute. "Ils ne vont quand même pas me jeter à la mer, c'est pousser la détestation de Nabokov un peu trop loin". (Fouad Laroui, Méfiez-vous des parachutistes, Edition J'ai lu).
Sueurs froides d'Olivier donc, mais son douanier à lui commence à disserter sur ses auteurs favoris! Ouf... on a changé d'époque... Grand amateur de Céline le douanier.

lundi 4 août 2008

Rabat Chapitre II

Après trois semaines à Rabat, changement de décor.
On a connu l'appartement typique marocain avec des banquettes partout et sa déco kitch. Nous voilà dans une belle maison chez nos amis américains partis en vacances à LA. Principale consigne avant de partir : se barricader!!
Certes il y a un bataillon de Marins en ville, mais pour plus de sécurité toutes les portes et fenêtres de la villa sont équipées de solides grilles en fer forgé... ça donne un petit côté Guantanamo, il nous reste plus qu'à mettre nos combinaisons oranges.
Ils aiment tellement ça les grillages que sur le mur de la salle à manger il y a une grille en fer forgé en décoration...
Faut dire que les alentours sont visiblement peu sûrs. En face de la villa : l'ambassade du Canada et l'ambassade du Sénégal ; Derrière : l'école primaire française Paul Cézanne et le lycée Descartes. Ça craint...
Heureusement pour nous protéger on a aussi Sophie... une grosse chienne noire qui aboie sur tout ce qui bouge... Ainsi que Garfield et Julie les deux matous.
Pour l'instant Jeanne est terrorisée par nos collocs à 4 pattes et on doit organiser des expéditions commando pour l'aider à rejoindre le trampoline dans le jardin sans croiser Sophie...
A part ça la maison est géniale et ça nous change la vie !

mercredi 30 juillet 2008

Les lémuriens à la plage

Prenez deux petites filles assez remuantes. Mettez-les dans un appartement exigu et surchauffé, sans jouets. Interdisez-leur de crier parce que leur petite soeur dort. Et attendez quelques jours. Qu'est-ce qu'on obtient ? Deux lémuriens enragés enfermés dans une cage.

Aujourd'hui on a donc décidé de libérer les fauves : on loue une voiture et en route pour la plage de Skhirat, au sud de Rabat, le rendez-vous des Rbatis et des MRE en vacances (faudra que je vous parle des MRE un jour : les Marocains Résidents à l'Etranger... pas vraiment appréciés par leurs compatriotes).

Entre les bateaux des pêcheurs et l'enceinte d'un (énième) Palais royal, s'étend une large plage, elle est bondée aujourd'hui car c'est un jour férié : le 9è anniversaire de l'intronisation de Sa Majesté M6. D'ailleurs profitons-en pour présenter nos voeux les plus déférents à Sa Majesté et notre attachement indéfectible au glorieux trône alaouite... Ouf, bon ça c'est fait. On ne sait jamais, ça peut servir.

Nous voilà donc sur la plage au milieu des sujets de Sa Majesté. Certaines femmes marocaines sont couvertes des cheveux aux orteils ; d'autres sont en bikini. Mais toutes sont hyper organisées : une journée à la plage c'est du sérieux. Chaque famille installe ses fauteuils et sa table sous un parasol. A midi on sort les poissons grillés et le thé à la menthe (dans la théière en argent s'il-vous-plaît). Nous on a l'air de pauvres malheureux, assis sur une serviette, avec notre salade niçoise dans une boîte en plastique...

La plage n'est pas très propre ; sous le sable on trouve plein de mégots, de sacs plastiques et de bâtons de sucettes. Heureusement Véolia a envoyé des bataillons d'enfants - tee-shirt blancs Véolia, short bleu et casquette rouge - pour ramasser les détritus sur la plage. Pas franchement efficace, mais joli coup marketing...

Pendant que Lily découvre la mer pour la première fois de sa vie, Capucine et Jeanne, nos deux lémuriens déchaînés, remplissent des seaux d'eau, creusent des trous dans le sable, sautent dans les vagues (malgré le drapeau rouge et les gros rouleaux... bah oui c'est l'atlantique), régulièrement interrompues par des Marocaines qui leur font des bisous...

dimanche 27 juillet 2008

Chez M6

Voilà deux semaines que nous sommes à Rabat, il était temps d'aller saluer notre voisin Mohammed... plus connu sous le diminutif de M6. Les murailles sont toutes proches de notre appart et on nous a dit qu'on pouvait pénétrer dans l'enceinte du Palais royal.
Après trois ou quatre tentatives infructueuses, on trouve enfin la porte d'entrée autorisée aux touristes. C'est pas la même que pour les résidents, mais nous on n'a pas encore de carte de séjour en règle...
Dans l'enceinte royale se dresse un somptueux palais à la fois moderne et traditionnel avec des tours crénelées, des arcades en pierre et des portes couvertes de mozaïques de toutes les couleurs. Tout autour du Palais des jardins très simples, des fontaines, une mosquée magnifique et des dizaines de villas.
Jeanne et Capucine font du charme aux gardes royaux en uniformes blancs et commencent à papoter : "il est où le roi ?" L'un des gardes les emmène regarder à travers une vitre de l'entrée principale. Jeanne revient et s'exclame tout fort sur l'esplanade : "le roi il fait dodo sur un banc là-dedans !!!"

mercredi 23 juillet 2008

Où sont les femmes ??

Première soirée dans Rabat by night hier...
Après plusieurs jours de recherches on a enfin trouvé une baby-sitter : Aïcha... qui nous demande une somme astronomique pour la soirée : environ un smic mensuel malgache. Aïe aïe aïe... on est sur une autre planète et notre porte-monnaie a le tournis.
On confie donc les filles (malgré les hurlements de Lily qui a bien compris l'entourloupe dès l'arrivée d'Aïcha) et on s'engage dans la grande avenue Mohammed V pour rejoindre Bénédicte et Alexandre au restau. Dans l'avenue les jeunes diplômés manifestent comme tous les soirs depuis des années pour réclamer du travail, sous le regard blasé des forces de sécurité, qui donnent quand même deux trois coups de matraque histoire de ne pas rouiller sur le trottoir. Personne ne s'intéresse vraiment à cette manif et les terrasses sont remplies de messieurs qui sirotent du thé à la menthe... Mais où sont les femmes??
On arrive en bas de l'avenue Mohammed V, on passe la médina, on sort de l'enceinte du centre ville par les grandes murailles et on arrive Place Bab el Hed : elle est bondée... des centaines de femmes sont assises sur les rebords des fontaines et papotent tranquillement. Ouf on a retrouvé les femmes...

lundi 21 juillet 2008

Mega Mall

Amateurs de sensations fortes et de dépaysement absolu s'abstenir de venir à Rabat...
Après 10 jours à Rabat, je ne sais toujours pas comment on appelle un vazaha... un Français, un blanc, un expatrié quoi. Ici personne ne nous interpelle dans la rue tous les 50m... Quel bonheur de circuler sans les "bonzour vazaha". C'est à peine si on se sent étranger ici. D'ailleurs est-t-on vraiment à l'étranger? Pas vraiment : pour preuve la galerie commerciale Méga Mall, un genre de Forum des Halles sur trois niveaux avec Lacoste, Kookaï, Diesel, Leonidas, Minelli, Sergent Major, Franck Provost, Célio, etc etc. sans oublier le Quick, le restau japonais, et les terrasses de café à 2 euros la crêpe au beurre... C'est le rendez-vous de la jeunesse dorée rbati. Et c'est pas franchement dépaysant, mais les filles ont adoré (en plus de la crêpe!) les châteaux gonflables, piscine de balles et mur d'escalade au sous-sol du Centre commercial... Nous aussi on a adoré, elles étaient HS en sortant...

samedi 19 juillet 2008

Bienvenue chez les Turcs

Y en a qui font la bringue chez l'ambassadeur... (nianiania Cécile... cf http://cartoaouaga.blogspot.com) et ben nous on va habiter chez un consul... Héé oui on récupère la villa du Consul de Turquie qui quitte le pays mi-août. Problème : on n'a pas pu la visiter parce que le consul est absent et que sa femme est barricadée à l'intérieur, elle a peur de sortir... Mais le quartier est génial et la villa a un grand jardin... Donc Inch'Allah on va signer le bail lundi !
D'ailleurs je ne comprends pourquoi elle a peur Madame la Consul parce les Marocains sont d'une gentillesse incroyable. Dans les taxis par exemple faut se battre pour payer le prix indiqué sur le compteur ; "7,80 madame..." Je donne 8 dirham ... "non non 7 ça suffit"... "mais non voilà 8"... "s'il vous plaît payez 7, j'insiste"... "bon allez 7,5 et on n'en parle plus"... enfin bref on négocie à l'envers ici !!! Véridique... ça nous est arrivé plusieurs fois. Bon faut dire que se balader avec trois petites têtes blondes ça aide pour faire des rencontres sympas.
A propos de rencontres sympas on a déjà un bon carnet d'adresses : plein d'expats' français super accueillants (les filles ont adoré la soirée au Riad... une vraie maison de princesse !! ainsi que les après-midi à la piscine...), mais aussi une Sénégalaise rencontrée par hasard dans la rue et qui nous a mis en garde contre les nounous qui font du maraboutage. Et puis on a aussi passé une très bonne soirée au Club américain, qui est situé entre le supermarché exclusivement réservé aux Américains de l'Ambassade (si si!) et la villa des Marins qui protègent l'Ambassade...C'est donc dans ce Club et sous bonne garde qu'on a fait connaissance avec un Irlandais et une Américaine, qui vont nous prêter leur maison en août... en attendant que le Consul de Turquie fasse exfiltrer sa poltronne de femme !

mardi 15 juillet 2008

Heureux qui comme une cigogne...

Hé hé les cigognes elles sont trop bien au Maroc, elles veulent plus repartir en France...
Si si, c'est vrai... La preuve, aujourd'hui on s'est baladé avec les trois filles dans le parc de la nécropole du Chellah. Au milieu des ruines romaines et des ruines d'une mosquée, des dizaines de cigognes ont fait leurs nids et prolongent leurs vacances marocaines... Y en a même une qui a élu domicile au sommet du Minaret... je ne sais pas si ça va plaire à Allah ça?

lundi 14 juillet 2008

Médina

Ce matin j'ai franchi un grand pas vers l'intégration au Maroc... J'ai investi dans l'accessoire indispensable de la femme marocaine qui fait ses courses dans la médina : le chariot de courses à roulettes, modèle mémère avec petite poche avant, coloris écossais rouge ou bleu très tendance, 130 dirham... qui dit mieux? Il est magnifique, j'en rêvais depuis longtemps... Enfin c'est pas top pour monter au 3è étage de notre immeuble, avec quelques kilos de fruits et légumes.
Ce matin donc balade dans la médina pour faire les courses, avec Lily et Bénédicte, fraîchement arrivée elle aussi, mais très au point pour les bonnes adresses. On s'est à peine perdu dans les ruelles de la médina. Quant à Lily elle a adoré la balade... Faut dire qu'elle a reçu des tonnes de bisous, caresses et sourires...

PS : salaam alaikoum, choukrane, safi, bslâma... première leçon d'arabe à la médina. bah oui c'est pas terrible, mais faut bien commencer...

dimanche 13 juillet 2008

Impressions du week-end en vrac

Jeanne dans la rue devant une 4L beige : "ho un taxi"... vieux réflexe de Tananarivienne aguérie. Mais ici les taxis ce sont des petites voitures bleues... avec un compteur !!! Le hic c'est qu'on ne peut pas y monter à plus de 3... même quand on a deux demi-portions et un microbe. Les policiers marocains sont très strics paraît-il. Enfin... en discutant un peu... parfois on s'arrange...

On a trouvé un petit coin d'Afrique noire dans Rabat : la messe à la cathédrale... pleine d'Africains, avec chorale black et djembé. Ambiance garantie. Et on a rencontré quelques vazahas bien sympas... Euh enfin des blancs quoi... Comment on dit vazaha ici ? D'ailleurs faut qu'on se mette à l'arabe...

Cet après-midi super balade à la Kasbah des Oudaïa : un dédale de petites ruelles avec des jolies maisons blanches et bleues et des superbes portes en bois à arcade. On a fini par un thé à la menthe (pour fêter l'anniv de Jeanne !) au Café Maure, avec vue sur la mer... Magnifique !! ça donne envie d'habiter dans le coin.

Pendant la balade Jeanne et Capucine ont eu des petits soucis dans la rue... Les Marocaines leur sautent dessus pour leur faire des bisous en rigolant et en faisant des compliments. Au début ça surprend... Mais elles ont déjà appris à dire choukrane...

vendredi 11 juillet 2008

Arrivés !

Trois heures d'attente, deux heures de vol, une heure de retard, 30 minutes de discussion sur le parking avec les chauffeurs de taxi (adorables), un quart d'heure de route... et nous voilà chez nous !!
On a pris possession de notre appartement meublé des 15 prochains jours... et quand on vient du pays du bambou et du palissandre ça fait un choc !!
Hé oui ça brille, ça dégouline, ça froufroute... Le must du kitsch dans chaque recoin. On s'est empressé de mettre à l'abri les vases dorés, les coussins à fanfreluches et autres bibelots des milles et une nuit... Et voilà on s'est installé chez nous... le bonheur !!
Ha oui au fait... il fait chaud... très chaud...

jeudi 10 juillet 2008

Adieu

Adieu le Berry... ses champs de blé, sa saison des pluies, ses bêtes à cornes, ses activités culturelles (on ne sait où donner de la tête!), ses fromages, ses bons vins...

Allez 102 kg de bagages à boucler et... décollage H-17 !!!

mardi 8 juillet 2008

Fin d'exil

Lily est arrivée sur terre.
Capucine sait faire du vélo sans petites roues.
Jeanne fait des sauts "périlleux" sur le trampoline.
Lily est sevrée.
Olivier reparle berrichon.
Jeanne fait des sauts "périlleux" sur le bord de la piscine.
Capucine sait nager.
Lily fait ses nuits.
J'ai appris à distinguer le blé du colza.
Jeanne a essayé tous les déguisements des 12 malles de Crosses.
Lily gazouille.
Olivier a rangé et réexpédié nos 281 cartons.
Capucine sait presque lire.
Jeanne fait des bonds dans toute la maison.

Voilà... c'est bon... on est prêt à repartir vers d'autres horizons !







Décollage vendredi à 13h40 pour Rabat !!!

mercredi 20 février 2008

Ivan le terrible

Petite photo souvenir de Ivan, cyclone tropical intense, quelques heures avant qu'il ne touche la côte est dimanche...
Ensuite il a traversé Mada d'est en ouest en passant au nord de Tana... Résultat : trois jours de coupure d'électricité à la maison, école fermée pour les enfants et pluies diluviennes non-stop.
Heureusement Ivan a eu le bon goût de ne pas s'inviter à notre soirée de veloma samedi soir !!

mardi 12 février 2008

Vazaha - Zirolles

V
Vazaha. Sens littéral : les étrangers, les blancs, et plus précisément les Français. Sens figuré : les méchants blancs très riches à qui on fait des courbettes pour leur piquer un max de fric. Exemple : « bonzour vazaha, donne-moi de l’arzent ».

Vendeurs ambulants : de 7 à 77 ans, pieds nus ou en claquettes, ils arpentent « leur » morceau de rue, les bras et les mains bien chargés. Soit ils proposent les incontournables : journaux, magazines, chiffon jaune, lunettes de soleil (vraies ray-ban), cartes de téléphone, montres (vraies rolex), serviettes de toilette. Soit ils proposent les nouveautés de la semaine, qui dépendent de ce qui arrive par les containers chinois ou de ce qui tombe du camion… En vrac : des parasols, des pèse-personnes, des lampes torches manuelles, des jouets en plastiques, des pieds d’appareils photos, des tenailles, des couteaux, des cintres, etc etc.

Vite : notion inconnue. D’ailleurs en malgache « un peu » « pas longtemps » « doucement » se traduit en « Vetivety » (qui se dit Vit’ Vit’) : au début c’est un peu troublant.

W

Week-ends : à la piscine, dans le jardin, en balade, en famille, avec des amis, sous le soleil ou sous la pluie. Que des bons souvenirs…

Y
« yépa yépa yépa !! »… onomatopée librement transcrite qui est la contraction de « alefa ! » (allez !). Quand on se gare dans la rue, il y a immanquablement un gars qui crie yépa yépa yépa pour faciliter la manœuvre, mais qui se garde bien de vérifier quoi que ce soit devant ou derrière la voiture. Bref quand quelqu’un crie yépa, surtout ne pas lui faire confiance… En revanche il faut lui donner 1000 francs malagasy pour le gardiennage.

Z
Zébus : le seul gros animal de ce pays, qui ne regorge que de petites bestioles. Le must : maskita (mini-brochettes) de zébus avec un bout de la bosse (du gras) entre chaque bout de viande.

Zirolles… ou girolles… selon la dentition et le niveau de français du vendeur. En vente par kilos (et sans danger) en début de saison des pluies entre l’hôtel du Louvre et l’hôtel Colbert. A poêler avec du zébu, du foie gras, une omelette, de la salade, une tarte… bon ap’

mardi 29 janvier 2008

Sakafo - Uroplate

S
Sakafo (« repas ») : riz, riz et riz (voir R)

T
Tsingy : une aire protégée du sud-ouest avec 100 km2 de concrétions calcaires hautes de 80 m à certains endroits ; des « forêts de pierre » magiques inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Balades sportives et dépaysement total.

Taxi-be (« grands-taxis ») : mini-bus collectifs qui circulent dans Tana suivant une joyeuse anarchie : il suffit presque d’acheter sa camionnette et de mettre un numéro dessus pour devenir une « ligne » officielle.
On connaît une vazahette courageuse qui a fait une carte des lignes avec tous les numéros, les arrêts, les trajets et tout… Les Tananariviens en sont encore tout perplexes : à quoi ça sert ? il suffit de lever la main dès qu’un taxi-be passe (n’importe lequel, ils vont presque tous au même endroit), se battre pour rentrer dedans et descendre quand on n’est pas trop loin de sa destination.
Quant aux chauffeurs de taxi-be, ils ont une notion très très personnelle du code de la route. Règle n°1 : s’arrêter au milieu de la route dès qu’un passant fait mine de vouloir monter et ne surtout pas se mettre sur le côté, sinon on pourrait se faire doubler par un autre taxi-be et donc se faire piquer des clients.
Règle n°2 : attendre quelques secondes des potentiels clients au milieu de la route tout en roulant au pas pour faire croire aux automobilistes furieux derrière qu’on est en train de repartir…
Règle n°3 : ne pas utiliser les feux stop, les phares et les clignotants… ça coûte trop cher… Piler ou déboîter sans crier gare : de toutes façons un taxi-be ça craint rien, c’est trop pourri… les autres voitures n’ont qu’à faire attention si elles ont peur des accrochages.
En tous cas en 4 ans on a noté un énorme progrès : les chauffeurs de taxi-be portent désormais une chemise et une cravate… Décret officiel de la Présidence…

Travailler : c’était pas de tout repos, mais l’expérience a été riche et passionnante.

Telma : (Voir Travailler). Le France Télécom local : ex-société d’Etat, « service » public : il y a quelques années on ne parlait pas de « clients » mais d’usagés. Si vous vouliez une ligne vous étiez inscrits dans un grand cahier à la suite d’une ribambelle de personnes dont un certain nombre n’habitaient plus depuis longtemps à Madagascar ou étaient décédées…
Deux ans plus tard et un travail énorme d’une équipe de techniciens et de cadres malgaches et étrangers, la société commence à ressembler à quelque chose : le télégramme et le télex ont été abandonnés et le dernier central à commutation manuelle (je veux le 22 à Maroansetra svp !) a été remplacé par du matériel moderne. Bon pour l’ADSL faut encore être patient…

THB… Three Horses Beer… LA bière malgache

U
Uroplate : une des dizaines d’espèces de géckos présentes sur l’île ; à ne pas confondre avec les quelques dizaines d’espèces de caméléons. Bon je sais on s’en fout… Mais j’ai rien trouvé pour « U »…

vendredi 18 janvier 2008

ONG - Rhum arrangé

O
ONG
: à tous les coins de rues. Madagascar doit être l’un des plus grands terrains de jeux du monde pour les ONG. Et chacune défend son territoire, ses quartiers, ses pauvres, ses parts de marché, ses lignes de crédits chez les bailleurs de fonds… c’est la guerre… Heureusement ici y a du boulot et des pauvres pour tout le monde et les autorités sont ravies que les ONG s’en chargent… C’est vrai quoi… il manquerait plus que le pouvoir s’occupe des enfants, des démunis, des sans-logis, des handicapés, des malades, des exclus, des malnutris.

Orchidées : la plus connue, la plus recherchée… la vanille. Et c’est la meilleure du monde. Comme tout le monde on a voulu faire les malins et on a essayé d’en planter dans le jardin pour produire nous-même nos petits brins, exporter aux States et devenir millionnaires… Mais c’est un métier… Alors on se contente d’acheter des gousses au marché. Dépêchez-vous de nous passer vos commandes…

P
Patience
: A Madagascar la patience n’a strictement AUCUNE limite, elle est infinie…

Pierres précieuses
: saphir, rubis, émeraude, diamant… sans parler des pierres fines. On trouve tout sur l’île et nous on a rempli nos poches de ces petits cailloux. Seul hic : bien souvent ce sont des enfants qui creusent les galeries et cherchent les pierres dans les mines, dans des conditions de sécurité dramatiques.

Pousse-pousse : on en a acheté un ! un vrai fabriqué à Antsirabe, la Mecque des pousse-pousse. On va faire un malheur dans les rues de Paris…


Pirogue : on n’en a pas acheté… ou pas encore… Mais on est déjà des spécialistes de la navigation en haute mer sur pirogue instable, avec option bouteille en plastique pour écoper.

R
Riz : matin, midi et soir, cuit, bouilli, brûlé… les Malgaches ne jurent que par leur plâtrée de riz ; ce sont les plus gros consommateurs du monde. Mais ce ne sont plus des gros producteurs. Avant l’Indépendance Mada exportait du riz, aujourd’hui il faut en importer de Thaïlande et du Pakistan pour nourrir la population. Car impossible de leur faire manger des patates ou du maïs…
Recette traditionnelle pour 2 personnes : verser un kilo de riz dans une marmite, mettre de l’eau et couvrir. Attendre que la totalité de l’eau s’évapore et que se dégage une bonne odeur de brûlé. Servir avec des brèdes bouillies (une sorte d’épinards) et des saucisses bien grasses.
Petit truc pour combler vos invités : Mettre un peu d’eau au fond de la marmite brûlée, remuer et servir dans une carafe en guise de thé.

Rhum arrangé : vanille, gingembre, litchis, banane, café, cannelle, coco, etc. Sans modération…

mercredi 16 janvier 2008

Lézards - Nénènes

L
Lézards : nos charmants colocataires… verts fluo certes mais très discrets en toutes circonstances ; pas très causants mais de bonne compagnie quand même ; toujours en train de ramper par ci par là mais n’hésitant à prendre quelques poses pour la déco du salon…


« L’Hugo » : meilleur copain de Doda… et croqueur de joues de petites filles…

Lémuriens : Indri-Indri, Sifaka, Aye-Aye, Makis, etc. Tous endémiques… forcément. Pendant 4 ans on a arpenté toute la brousse et il semblerait que, contrairement à une idée trop largement répandue, les lémuriens ne font pas la teuf’ dans les baobabs en chantant I like to move it, move it. En revanche les lémuriens aiment bien papoter avec Doda ou mettre des baffes à Pops (véridique !)


M
Misère : partout, tout le temps.

Marc R… un sacré filou… voir lettre F.
En 4 ans je l’ai interviewé une fois… un exploit, car il a horreur de s’exprimer en français. C’était le jour de l’élection présidentielle, juste avant une mystérieuse panne informatique au centre de comptage des voix. Finalement notre Marco a remporté l’élection dès le premier tour avec 54% des suffrages et j’ai eu droit à une interview passionnante : « Je suis très content, très content, bravo les Malgaches ».

Maroc : notre prochaine destination ? Inch’ Allah…

Moustiques : 1620 jours passés à Madagascar, 17 392 piqûres de moustiques… et pas une seule crise de palu… niek niek niek… on les a eu.

N
« Nénène » (nounou) : Bernadette, pendant deux ans, et Fara, pendant deux ans et demi, sans oublier l’inénarrable Charlie, pendant un mois… le temps qu’elle démissionne… épuisée par la charge de travail…

dimanche 13 janvier 2008

Gâteaux - Kakabe sola

G
Gâteaux : évitez les desserts gasy. Une couche de beurre entre deux couches de crème (au beurre).


H
Histoire : une notion inconnue à Madagascar. L’Histoire c’est les ancêtres, mais personne ne voit l’intérêt de s’intéresser à l’Histoire du pays. Exemple : date de l’indépendance ? Une personne sur deux n’est pas capable de donner la date exacte. Autre preuve : l’état désastreux des archives nationales.

Humour : voilà un concept qui n’existe pas à Madagascar. Les Gasy sont les champions du monde du premier degré. Impossible de se risquer à une petite remarque pince-sans-rire ou une plaisanterie ironique, ils vont le prendre au premier degré et c’est le début des malentendus.

I
Ile Sainte-Marie : notre petit paradis, la plage, les baleines à bosse, le punch coco… Lova, Didier et Martine ! Mais ne rêvez pas, pas question de dévoiler nos meilleures adresses.


Initiative : Pas de traduction en malgache.

Internet : en fonction de la pluie, du vent … et de l'âge des employés...

J
Jirama : c’est la compagnie publique d’eau et d’électricité du pays… au bord de la faillite, corrompue à tous les niveaux, avec des installations vétustes. Bref des coupures d’électricité tout le temps, quand il pleut trop, quand il pleut pas assez, quand il n’y a plus d’argent pour acheter du carburant pour les centrales, quand le maire de la ville n’appartient pas au parti du président, etc… Vive les soirées à la bougie !

K
Kabary : LE discours traditionnel malgache, une tradition ancestrale, un exercice de style très codifié, un cauchemar pour le public…
Quand on fait un kabary on commence d’abord par saluer toutes les personnalités présentes dans l’assistance en citant leur titre exact. Ca ça prend bien 5 ou 10 minutes. Ensuite il faut s’excuser platement de prendre la parole en disant que c’est un grand honneur dont on n’est pas digne. 15 minutes plus tard on attaque une première série des fameux proverbes malgaches, toujours très imagés et franchement sibyllins (en général ça parle de crocodiles qui traversent une rivière ou d’un ancêtre et de sa descendance dans une forêt). Au bout d’une demi-heure de kabary, on en vient enfin au sujet principal du discours, non sans avoir tourné autour du pot quelques temps pour amener le sujet subtilement. On n’oublie pas d’invoquer d’illustres ancêtres et de se placer sous la protection bienveillante des raimandreny (les anciens). Ensuite on en remet une petite louche pour ce qui est des plates excuses de prendre la parole. Et puis on attaque une deuxième série de proverbes. Au bout d’une heure personne n’a rien compris du fond du discours. Ou plutôt la moitié de l’assistance a compris blanc et l’autre moitié a compris noir. Et comme les Malgaches ont le sens du consensus (voir C), on en conclura à la fin que le sens du kabary était gris. Après 1h30 de monologue, on s’excuse pour la modestie de ces quelques mots et on amorce la conclusion en re-citant toutes les personnalités présentes (qui s’étaient endormies et qui sont alors réveillées en sursaut). C’est l’heure du bouquet final avec la dernière série de proverbes, qui éventuellement peuvent contredire les premiers. Et on termine obligatoirement avec l’inaltérable « je vous remercie pour votre aimable attention ».
Du grand grand art. Il y a même des concours… Je crois qu’il faut être Malgaches pour supporter ça (voir lettre P comme patience).

Kakabe sola : « ogre chauve »… c’est un ogre qui habite dans les forêts et qui attrape les petits enfants pas sages pour les manger. Evidemment ce méchant ogre il est vazaha…

samedi 12 janvier 2008

Dadabe - FMG

D
Dadabe ("grand-père") : un très vieux monsieur qui passe tous les matins et tous les soirs devant la maison avec ses trois vaches rachitiques... un grand copain de Pops et Doda qui lui font la causette... en malgache.

Développement : c’est l’arlésienne depuis 50 ans. Tout le monde en parle, tout le monde l’attend, mais on sait tous qu’il n’est pas près d’arriver…

E
Endémique : qui n’existe qu’à Madagascar, nulle part ailleurs. Et s’il y a un mot que le touriste aura retenu de son séjour à Mada c’est bien endémique. Les guides l’ont à la bouche toutes les trois phrases. Car à Madagascar la faune est endémique, la flore est endémique, tout est endémique. Un caméléon vert fluo ? un baobab élancé vers le ciel ? un arbre qui pleure tout seul ? un insecte un peu bizarre (comme la blatte péteuse)? bah on ne sait pas trop ce que c’est… mais c’est sûr c’est endémique.

Ethnies : il paraît qu’il y en a 18 ou 20, et surtout il paraît qu’elles s’entendent très bien. Officiellement pas de racisme entre ethnies à Madagascar, bien sûr que non. Chut… On se déteste en silence.

F

« Filoha »… ça se prononce « filou » et ça veut dire… président.

« Fihavana » : littéralement ça veut dire « considérer quiconque comme un membre de sa famille », autrement dit être solidaire, attentif, dévoué, altruiste, charitable, etc. Pour les Malgaches le Fihavana c’est le pilier de leur culture, il n’y a pas un discours qui n’y fasse pas allusion. Mais derrière les bons sentiments se cache une réalité plus complexe et très décevante : le Fihavana ça sert à maintenir publiquement les apparences d’une communauté unie qui ne supporte pas qu’un des leurs sorte du lot. Quand l’un essaye de s’extraire, de faire des études, de gagner de l’argent, d’être ambitieux, d’avoir du recul sur certaines croyances, etc, inévitablement la famille, le village, les amis ou les collègues n’auront de cesse de le tirer vers le bas ou de profiter de lui.

« fady » : les interdits édictés par des ancêtres. Personne ne sait d’où ça vient mais tout le monde les respecte, de peur de fâcher les ancêtres. A certains endroits il est interdit de planter des haricots face à la montagne. A d’autres de manger du porc. Ou le long de la côte il est interdit d’être habillé de rouge. Pourquoi ? Mystère… Mais ça fout la trouille…

Foie gras… voilà un héritage positif de la colonisation… Il est à tomber par terre, surtout poêlé aux pok-pok.

FMG : Franc Malgache… il paraît qu’on serait passé à une nouvelle monnaie, l’ariary… Moi je ne m’y fais pas… Il paraît qu’en Europe aussi y aurait une nouvelle monnaie…

vendredi 11 janvier 2008

Afrique - Cyclones

Dans quelques semaines on quitte définitivement l’île rouge, après 4 années et demi passées ici. Petit bilan en forme d’abécédaire… en plusieurs épisodes :


A
Afrique
: ha non on n’y est pas du tout.

Asie : euh… non on n’y est pas vraiment non plus.

Ancêtres : ce sont les morts importants de la famille, et les maîtres de toute l’organisation de la vie sociale. Ils ont leur place au Nord Ouest dans la salle commune des maisons, où un siège leur est réservé en permanence. Leur avis est demandé pour toute décision (importante ou non). Leur colère est redoutée et les malheurs de la famille sont toujours dus à un ancêtre en colère.
Et quand un ancêtre apparaît en rêve à un membre de la famille à lui disant qu’il a froid, ça veut dire qu’il est temps de lui changer son linceul. On appelle ça le « retournement des morts » (« Famadihana »). Une grande fête est organisée, on ouvre le tombeau, on nettoie les restes du corps en ne gardant que les os longs (fémurs, tibias) et on emballe le tout dans un nouveau linceul tout beau. C’est la grosse grosse fiesta… les familles se ruinent pour cette fête.

Ambatoroka : notre quartier depuis 4 ans et demi…

Ambition : ce mot n’a pas de traduction en malgache (voir I comme initiative) (véridique !).

Amis : des vrais, qu’on n’est pas près d’oublier… Snif snif… Mais rendez-vous à Casa, Dakar, Ouaga ou Bamako…

Artisanat : les malgaches ont un don pour l’artisanat… et ils ont surtout beaucoup de matières premières uniques. Objets en bois précieux, en corne de zébus, en pierres précieuses ou semi précieuses, en raphia. Objets sculptés, tissés, taillés, brodés. On aura passé des heures et des heures dans les grands marchés d’artisanat… ou chez des petits artisans (adresses top secrètes…)

B
Baleines : on ne se lasse pas de les admirer au large de la côte est, notamment près de l’île Sainte-Marie. Elles viennent chaque année de juin à septembre, parcourant des milliers de km depuis l’antarctique pour venir s’accoupler et mettre bas dans les eaux chaudes de l’Océan indien. Spectacle garanti.




Berlingo : à vendre !!! 27 000 km, diesel, état parfait…

Baignade : activité principale le week-end et en vacances d’octobre à juin… A Diego, à Majunga, à Fort-Dauphin, à Anakao, à Sainte-Marie, et même à Tana… Trop dur… Et vous il fait quel temps à Paris ?

C
CCAC : Centre Culturel Albert Camus, le centre culturel français rive gauche de Tana, avec sa programmation de vieux films français prise de tête, ses spectacles de danse contemporaine très... contemporains, ses concerts de jazz malgache très... gasy, ses expos de peinture et sculpture conceptuelles. Mais aussi quelques très bonnes petites soirées du mercredi ou du vendredi soir...


Consensus : Les Malgaches n’aiment pas les affrontements, les disputes, ils ont l’art du consensus ; d’ailleurs c’est l’un des piliers de la culture gasy. Même quand on n’est pas du tout d’accord avec quelqu’un, l’important c’est que les apparences soient sauves… chacun garde pour soi ses récriminations et on trouve un consensus. Dur dur pour des nerfs de vazaha…

COT (Club Olympique de Tana) : tennis sur terre battue avec ramasseur de balles, balade à cheval, bronzette et lecture sous les parasols, buffet à volonté le midi...et surtout baignade pendant des heures dans le grand bain ou les petits bassins, sous l'oeil vigilant de Hery-Tiana, Monsieur Muscle... qui a presque appris à nager à Pops... trop dur les week-end de vazaha...

Couchers de soleil : Du rose au mauve sur fond d’arc en ciel… les plus beaux du monde, uniques (voir E comme endémique). Et ça donne des couleurs incroyables aux vieilles maisons traditionnelles en brique qui jalonnent les collines de la ville de Tana.

Cyclones : Elita, Gafilo, Bondo, … Chaque année, de décembre à mars, ils balayent les côtes, rasent des villages entiers, détruisent des ha de rizières, font des centaines de morts et des dizaines de milliers de sans-abris.

vendredi 4 janvier 2008

"Hypothèse" : supposition, conjecture qui sert de base pour un raisonnement

L'année commence fort dans la presse malgache. Apparemment les journalistes ont pris de bonnes résolutions pour nous offrir des petites perles...


"FAITS DIVERS - Mahazo

Un homme découpé en morceaux

Horreur à Mahazo. Emballé dans un sac, les morceaux de la dépouille d'un homme ont été retrouvés dans l'enceinte d'une église de la localité, hier. « Un enfant qui avait escaladé le mur de clôture pour recupérer son ballon a fait cette découverte macabre vers 14 heures », affirme un habitant du quartier. Les témoignages des habitants révèlent que seule la partie supérieure du corps étaient emballée dans le sac. Ce qui a permis de l'identifier. Une coupure de gazette contenant des publicités a été aperçue non loin du cadavre. La nouvelle n'a pas tardé à se répandre jusqu'au stationnement des taxi-brousse menant vers Manajakandriana. Les informations recueillies auprès de ce stationnement révèlent que la victime n'était pas étranger à la localité. « Il travaillait comme racoleur et manutentionnaire dans ce stationnement », déclare un chauffeur. « En difficulté, cet homme serait un sans-abri », indique un habitant. Un témoin affirme l'avoir vu la dernière fois au terrain de combats de coqs à Ampanotokana. A cette occasion, il portait, d'après lui, une autoradio. L'hypothèse d'un meutre n'est pas à écarter. L'enquête en déterminera le mobile. "
Teholy Martin
03-01-2008


Les fins limiers malgaches vont devoir déterminer comment ce sans-abri désespéré s'est suicidé en se découpant tout seul en morceaux, avant de s'emballer dans un sac... A moins qu'il ne s'agisse d'un crime orchestré par le syndicat des coqs en colère ?? Ne négligeons aucune piste.

PS : Merci Stéphane pour la revue de presse...