« Il me semble que c'était hier que j'étais arrivé.»
Dino Buzzati
Depuis exactement trois mois, mon désert des Tartares est un petit quartier d'immeubles de bureaux. Sur les façades d'un blanc immaculé, les rayons du soleil se reflètent et éblouissent les passants. Après la chaleur moite de l'été, l'agitation du ramadan et les pluies d'octobre, mon "désert" est entré dans un hiver froid et lumineux. Au 4è étage du 16 rue Hussein 1er, au sommet du Fort, je guette les Tartares...
J'attends l'indispensable Carte de Séjour, j'espère d'improbables contrats et missions, et j'essaye d'entrevoir parfois mon patron fantôme.
Là-haut le quotidien est rythmé par les promesses et lubies de ce patron qui ne voit pas que sa société ressemble au Fort Bastiani : inutile et assoupie.
Mais contrairement au lieutenant Drogo, pas question de m'installer dans une attente indéfinie et oppressante. Puisque les Tartares ne viennent pas à moi, j'irai donc aux Tartares!!
J'ai imposé un mi-temps au Fort pour me consacrer à deux passionnantes missions pour des ONG, en tant que consultante en communication. Je dois les aider à imaginer et créer des outils (brochure, CD, site internet, etc.) dans lesquels ils racontent leurs activités de la façon la plus passionnante possible. Haaa... des vrais gens et de l'action! Enfin ! Pendant ce temps au Fort on attend toujours les Tartares. Mais moi j'ai la tête ailleurs.
Olivier lui aussi est parti à l'attaque... de Casablanca. Il travaille désormais dans un Cabinet de conseil comme consultant en stratégie et organisation. Héé oui consultant lui aussi.
Quant à Capucine elle est consultante en dinosaures (mais principalement les stégosaures s'il-vous-plaît), Jeanne consultante en pâtisseries marocaines et Lily consultante en sourires-avec-dents-qui-poussent.