mardi 20 octobre 2009

Windows marocain... Remake

En 2007, habitant alors à Tana, j’avais écrit ce texte :

« Que serait aujourd'hui l'informatique si Bill Gates avait été malagasy ? Avec quoi serions-nous obligés de travailler si Windows avait été conçu sur l'île rouge ? C'est de la fiction heureusement...
Si Windows était malagasy...
L'horloge indiquerait l'heure à une demi-heure près.
Il faudrait lui faire un kabary (un discours) avant qu'il accepte de démarrer.

Certaines fonctions seraient inaccessibles et une fenêtre s'ouvrirait disant : "Impossible d'effectuer, l'ancêtre dit que c'est fady" (interdit).
Une autre fenêtre s'ouvrirait : "Pour continuer, vous devez sacrifier trois logiciels avant le coucher du soleil".
A chaque question vous auriez le choix entre "OK" ou "oui oui".
Internet ne fonctionnerait qu'entre membres de la même famille, voire d'une même ethnie.
Il se mettrait automatiquement en veille à la tombée de la nuit.
Il tomberait en panne au bout d'un an et votre vendeur vous dirait de contacter votre bailleur de fonds habituel.
Alors ? Le tout-puissant windows américain n'est pas si mal finalement ?? »

Et en 2009, forcément, ça donne ça :

Que serait aujourd'hui l'informatique si Bill Gates avait été Marocain ? Avec quoi serions-nous obligés de travailler si Windows avait été conçu au pays des cornes de gazelles ? C'est de la fiction heureusement...
Si Windows était marocain…
L'horloge indiquerait l'heure à une demi-heure près.
Il faudrait lui demander des nouvelles de sa femme, ses enfants, ses parents, ses frères et sœurs, avant qu’il accepte de démarrer.
Word ne pourrait fonctionner qu’en latin ou éventuellement en vieux français.
A chaque question vous auriez le choix entre « Ok inch Allah » ou « oui inch Allah ».
Toutes les 3 heures il se mettrait en veille en entendant le muezzin du coin et se rallumerait 2 minutes plus tard.
Chaque année, pendant un mois, il ne fonctionnerait que du coucher au lever du soleil.
L’ordinateur disparaitrait mystérieusement si vous tapiez les mots « Roi », « Sahara » ou « Islam ».
Il tomberait en panne au bout d’un mois, mais vous pourriez le réparer sans problème à la médina.
Il tomberait encore en panne quelques mois plus tard et un cousin paternel du beau-frère de l’oncle maternel du gars de la médina vous trouverait une super combine pas chère pour le remplacer.

Alors ? On ne remerciera jamais assez Bill Gates hein ?

lundi 19 octobre 2009

Sortie champêtre

Les Rbatis adorent pique-niquer en forêt. Le dos appuyé contre la carosserie de leur voiture bien-aimée, les portières-avant ouvertes pour entendre la radio hurlant des vieux tubes égyptiens, des sandwiches de vache-qui-rit et une bière à la main.
Malheureusement la sensibilisation à l'environnement n'en est qu'à ses tout débuts au Maroc et les forêts sont de véritables dépotoirs. Car ça ne dérange pas du tout les Marocains de laisser sur place leurs bouteilles, leurs emballages en plastique et en carton, ou toutes sortes de papiers.

Impossible donc de pique-niquer dans les forêts - ou du moins en forêt à proximité de la route, car un Marocain ne s'éloigne jamais de sa voiture. Le truc c'est de s'enfoncer dans la forêt : au bout de quelques centaines de mètres les ordures deviennent clairsemées, puis disparaissent. Et là on se retrouve dans une forêt d'arbres en bois et en feuilles, c'est dingue !

Encore plus dingue : ce week-end, dans une forêt de chênes-lièges, on est tombé nez-à-nez (enfin, façon de parler...) avec 2 tortues ! oui oui, des tortues des bois ! "Chat, chat !" - a crié Lily, pour qui tout ce qui marche à 4 pattes est "chat".

Quant à Capucine et Jeanne, elles ont découvert une carcasse de vache - bien entendu "dévorée par un loup" - et ont passé une heure à observer les os. Très bucolique hein les sorties en forêts à cet âge-là !

Conclusion : on a ramené une tortue à la maison, mais pas les os. Pourtant un crâne de vache ça ferait joli sur la cheminée maman...

lundi 12 octobre 2009

Le chameau et le pognon

Depuis deux semaines on a lancé à la paroisse Saint Pie X de Rabat une liturgie de la parole pour les enfants. Les plus petits - 4 à 7 ans - quittent la messe au moment de la première lecture et reviennent à la fin du crédo. Ils vont dans une salle, où, à tour de rôle, 2 parents expliquent l'évangile du jour, leur font faire des dessins ou de la poterie et chantent.
Aujourd'hui évangile selon Saint Marc : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu".
Un petit garçon nous explique : "Par exemple si tu as des valises pleine de pognon tu pourras pas entrer !"
Les enfants comprennent vite...
Enfin, petit bémol de certains : "mais quand même il faut garder un peu d'argent pour manger, non ?"

vendredi 9 octobre 2009

Mitterrand bis repetita

Exercice de communication puant et insupportable de Mitterrand hier soir sur TF1.
Son agent artistique a bien travaillé, tout était là pour émouvoir la ménagère : la tête penchée de côté, le ton suave, les mains nouées, la petite pensée pour sa pov' mère et ses enfants... Beurk. Tant de pathos sur des sujets aussi graves c'est écoeurant.
Car malgré tout son talent d'acteur de cinéma hollywodien, Mitterrand a aggravé son cas : en fin d'interview il condamne avec force le tourisme sexuel (qui "est une honte", dit-il), alors que deux minutes plus tôt il avait reconnu qu'il avait eu des relations sexuelles tarifées avec des garçons en Thaïlande. Mais attention - "les yeux dans les yeux Laurence Ferrari" - uniquement avec des garçons consentants !
Alors d'abord, "relations sexuelles tarifées" ça veut exactement dire "tourisme sexuel". Donc comment peut-il condamner un acte qu'il a pratiqué ? Comment peut-il dire qu'il n'a pas commis de crime, ni même de faute, si le tourisme sexuel est une honte ??
D'autre part, comment au 21è siècle, peut-on encore parler de "relations consenties" pour des actes de prostitution ? Surtout dans des pays pauvres, où les prostitués sont tout sauf consentants. L'argent des consommateurs en fait des esclaves, l'abus sexuel découle de l'abus de pouvoir. Et c'est un crime puni par le Code pénal.
Mitterrand ferait mieux d'aller faire carrière sous les projeteurs des caméras...

Karaté

Chi - Ni - San - Shi - Go - Ro - Shi - Chi - Ku - Ju ! Première leçon de japonais hier soir...
Ou plus exactement premier cours de karaté.
Et entre le judo et le karaté, je commence à avoir un petit niveau de japonais mine de rien...
Bon évidemment c'est pas toujours facile de placer "coup de pied circulaire" ou "tranchant de la main" dans une conversation. Mais face à un néophyte ça peut faire de l'effet... surtout avec un cri à la Bruce Lee pour ponctuer les phrases.
D'ailleurs les Marocains ceinture noire du cours ils adorent ça crier. Le karaté c'est pas pour rigoler, c'est du sérieux et ils se donnent à fond. A chaque kata, on dirait qu'ils sont en train d'affronter une armée de rebelles du Sahara occidental...



Si si, c'est exactement comme ça que je fais...

mercredi 7 octobre 2009

Mauvaise vie.

«J’ai pris le pli de payer pour des garçons [...] Évidemment, j’ai lu ce qu’on a pu écrire sur le commerce des garçons d’ici .[...] Je sais ce qu’il y a de vrai. La misère ambiante, le maquereautage généralisé, les montagnes de dollars que ça rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic.
Mais cela ne m’empêche pas d’y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément […] On ne pourrait juger qu’un tel spectacle abominable d’un point de vue moral, mais il me plaît au-delà du raisonnable […] La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. »


Frédéric Mitterrand - ministre français de la culture.
in "La mauvaise vie", Édition Robert Laffont.


Et dire que mon ONG dépense des millions d'euros pour lutter contre le tourisme sexuel. Pour convaincre les familles de ne pas vendre leurs enfants. Pour reconstruire des gamins détruits par des actes qu'ils ne comprennent pas. Pour les aider à ne pas avoir honte de leur corps. Pour leur redonner confiance en eux.

Le recours à la prostitution enfantine est passible d'une peine de 3 à 7 ans de prison. Article 225-12 du Code Pénal. C'est pas cher payé quand on a bousillé un enfant.

Nous si on le chope sur la Place Jemaa El Fnaa à Marrakech, il va passer un sale quart d'heure le ministre...

vendredi 2 octobre 2009

De l'angle et de la situation ...

Discussion passionnante hier avec Lala à Conakry (merci Skype !) en Guinée. Lala est coordinatrice dans un programme de formation et d'accompagnement des journalistes locaux, financé par une ONG américaine.
Les derniers évènements à Conakry ont montré la fragilité du pouvoir en place. Les réactions de la France, de l'Afrique et du monde ont été immédiates... Mais qu'en est il vraiment ? La réalité semble toute autre. Je ne veux pas faire ici un résumé de la situation... Un aperçu peut-être, très rapide : un capitaine qui tient un pouvoir illégitime, un gouvernement de discorde ... une armée divisée dont on ne sait plus qui dirige qui ... Et des exactions qui ne se sont pas limitées à la tuerie du 29 septembre et qui continuent encore et toujours.
Ce qui est intéressant dans tout ça, c'est la vision différente que l'on peut avoir, soit à travers les médias qui font avec ce qu'ils ont, soit à travers les amis et les connaissances sur place qui donnent leur vision des choses. L'un ne peut aller sans l'autre bien entendu. Si la vision de l'un (les médias) peut parfois être tronquée par des manipulations politiques et des intérêts extérieurs, celle de l'autre (les témoignages sur place) manque parfois de recul pour en avoir les idées claires - ce qui est normal et humain quand on vit au coeur d'une actualité troublée, voire violente.
Nous vivons un peu le même scénario avec les troubles politiques malgaches, au détail près que nous connaissons, parfois personnellement, les protagonistes de l'histoire. Les infos et analyses des médias et de nos contacts sur place étaient parfois, au plus fort de la crise, aux antipodes les unes des autres.
Je profite de l'occasion pour vous conseiller un reportage de France 24 sur la situation des fermiers blancs au Zimbabwe, dont on ne parle plus beaucoup aujourd'hui. Un reportage plein de nuances, et dont la conclusion mesurée est intéressante et tellement rare.

Triste record

Devise du conducteur marocain :
"A un carrefour, de nuit, tu fonces quand le feu est rouge. Et si le feu est vert, tu ralentis pour vérifier qu'une voiture n'est pas en train de brûler le feu d'en face"

Le Maroc est l'un des pays les plus meurtriers en termes d'accidents de la route. Plus de 4000 morts en 2008, 13 000 blessés graves. 70 000 accidents par an. En proportion, la route tue 13 fois plus au Maroc qu'en France.
Et ce n'est pas très étonnant quand on voit conduire les Marocains. Même les conducteurs de taxi-brousse malgaches sont de courtois et prudents chauffeurs à côté... c'est dire !


Les Marocains se conduisent sur les routes comme s'ils avaient tous les meilleures cartes du Mille Bornes, genre Feu vert + prioritaire + as du volant + fin de limite de vitesse etc etc ! Du coup forcément ça bugge...
Et le plus drôle c'est que si un policier ou un gendarme (y en a tous les 200 m ici, surtout dans la capitale) s'avise de les arrêter, ils n'hésitent à discuter, le contredire, voire à l'engueuler... "Moi j'ai brûlé le feu rouge ??!! mais il est mal placé votre feu rouge !"

jeudi 1 octobre 2009

Café bouillu...

Ce matin je me rends à la Préfecture à 8h pour le renouvellement de mon visa. Le Service des Visas étant encore fermé, je m’installe à la terrasse d’une gargote en face de la Préfecture et commande un expresso. « Tasse ou verre ? » - Au Maroc on choisit son contenant. Les Marocains ont plutôt l’habitude de prendre leur café dans des petits verres transparents ; j’opte pour la tasse traditionnelle, genre brasserie parisienne.
La serveuse m’apporte un café littéralement bouillant. En attendant qu'il refroidisse un peu, je regarde les marchands de fleurs en face du café, je bois mon verre d'eau, j'écoute la radio qui explique que le système bancaire marocain ne craint pas la crise, je me demande à quelle sauce je vais être mangée par le cerbère du Service des Visas. Bref les minutes passent, mon café refroidit enfin. Et soudain la serveuse s'approche de moi, en se tordant les mains, le visage crispé. Elle se confond en excuses pour le "mauvais café" auquel je n'ai toujours pas touché. Elle me l'enlève et m'en ramène un autre illico malgré mes protestations. La gentillesse marocaine m'étonnera toujours. Haaa si les serveurs parisiens pouvaient venir en stage ici...

Mais moi je suis revenue à la case départ : café bouillant. Cette fois je l'ai bu fissa...