mardi 16 septembre 2008

Inébranlable

Au Mac Do en ce moment c'est ambiance Happy Meal le midi... La célèbre petite boîte des menus juniors trône sur toutes les tables, les enfants se gavent de frites et comparent leur jouet-cadeau en plastique made in china, sous le regard endormi des mamans.
En ce mois de Ramadan rares sont les restos ouverts en journée, car seuls les enfants ont le droit de manger entre le lever et le coucher du soleil. Enfin... en théorie, car certains Marocains issus de milieux aisés, intellectuels, occidentalisés, ne jeûnent pas vraiment... ou plutôt font semblant de jeûner et de ne pas fumer.

L'important pour les Marocains qui ne font pas le Ramadan c'est de sauver les apparences :
"Ils font semblant de jeûner devant leurs enfants (et la bonne, bien sûr) mais dès que ces derniers sont absents, ils se précipitent pour se faire un café à la hâte, ou fumer une cigarette. Pour nombre de Marocains qui ne font pas Ramadan, manger n’est pas le plus important. Par commodité, ils s’en abstiennent, mais refusent de faire la moindre concession sur le café et le tabac : «Sans cela, je suis incapable de travailler», avouent sans détour certains d’entre eux. Certains cadres de sociétés, pourvus d’une cafetière dans leur bureau, s’en servent sans scrupule et en toute quiétude, mais ils ferment la porte et ouvrent les fenêtres dès qu’il s’agit d’allumer une cigarette, à cause de l’odeur. «Plutôt par respect pour les autres employés de la société qui jeûnent, que par méfiance ou par peur de leurs réactions. C’est un secret de polichinelle : tout le monde sait que nous ne faisons pas Ramadan.» Les petits employés, eux, n’ont d’autre choix que de s’enfermer discrètement dans les toilettes pour aspirer rapidement et goulûment quelques bouffées." (in "www.bladi.net" portail de la diaspora marocaine)

La discrétion est donc de mise, car l’article 221 du Code pénal marocain est clair : «Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps de Ramadan, sans motif admis pour cette religion, est puni d’un à six mois d’emprisonnement et d’une amende de 12 à 120 DH».
"Notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane" ça désigne en réalité tous les Marocains. Car le Marocain est forcément musulman : au Maroc l'Islam est religion d'Etat (article 6 de la Constitution). De plus tout ce qui concerne l'Islam dans la constitution ne peut pas faire l'objet d'une révision constitutionnelle (article 106)...

Enfin l'article 220 du code pénal prévoit la condamnation à une peine de 3 à 6 mois de prison pour "quiconque utilise des moyens pour ébranler la foi d’un musulman ou le convertir à une autre religion. "
Hum... bon moi je vais ranger ma médaille de baptême et mon Big Mac... Des fois que ça en ébranle deux ou trois...