dimanche 13 janvier 2008

Gâteaux - Kakabe sola

G
Gâteaux : évitez les desserts gasy. Une couche de beurre entre deux couches de crème (au beurre).


H
Histoire : une notion inconnue à Madagascar. L’Histoire c’est les ancêtres, mais personne ne voit l’intérêt de s’intéresser à l’Histoire du pays. Exemple : date de l’indépendance ? Une personne sur deux n’est pas capable de donner la date exacte. Autre preuve : l’état désastreux des archives nationales.

Humour : voilà un concept qui n’existe pas à Madagascar. Les Gasy sont les champions du monde du premier degré. Impossible de se risquer à une petite remarque pince-sans-rire ou une plaisanterie ironique, ils vont le prendre au premier degré et c’est le début des malentendus.

I
Ile Sainte-Marie : notre petit paradis, la plage, les baleines à bosse, le punch coco… Lova, Didier et Martine ! Mais ne rêvez pas, pas question de dévoiler nos meilleures adresses.


Initiative : Pas de traduction en malgache.

Internet : en fonction de la pluie, du vent … et de l'âge des employés...

J
Jirama : c’est la compagnie publique d’eau et d’électricité du pays… au bord de la faillite, corrompue à tous les niveaux, avec des installations vétustes. Bref des coupures d’électricité tout le temps, quand il pleut trop, quand il pleut pas assez, quand il n’y a plus d’argent pour acheter du carburant pour les centrales, quand le maire de la ville n’appartient pas au parti du président, etc… Vive les soirées à la bougie !

K
Kabary : LE discours traditionnel malgache, une tradition ancestrale, un exercice de style très codifié, un cauchemar pour le public…
Quand on fait un kabary on commence d’abord par saluer toutes les personnalités présentes dans l’assistance en citant leur titre exact. Ca ça prend bien 5 ou 10 minutes. Ensuite il faut s’excuser platement de prendre la parole en disant que c’est un grand honneur dont on n’est pas digne. 15 minutes plus tard on attaque une première série des fameux proverbes malgaches, toujours très imagés et franchement sibyllins (en général ça parle de crocodiles qui traversent une rivière ou d’un ancêtre et de sa descendance dans une forêt). Au bout d’une demi-heure de kabary, on en vient enfin au sujet principal du discours, non sans avoir tourné autour du pot quelques temps pour amener le sujet subtilement. On n’oublie pas d’invoquer d’illustres ancêtres et de se placer sous la protection bienveillante des raimandreny (les anciens). Ensuite on en remet une petite louche pour ce qui est des plates excuses de prendre la parole. Et puis on attaque une deuxième série de proverbes. Au bout d’une heure personne n’a rien compris du fond du discours. Ou plutôt la moitié de l’assistance a compris blanc et l’autre moitié a compris noir. Et comme les Malgaches ont le sens du consensus (voir C), on en conclura à la fin que le sens du kabary était gris. Après 1h30 de monologue, on s’excuse pour la modestie de ces quelques mots et on amorce la conclusion en re-citant toutes les personnalités présentes (qui s’étaient endormies et qui sont alors réveillées en sursaut). C’est l’heure du bouquet final avec la dernière série de proverbes, qui éventuellement peuvent contredire les premiers. Et on termine obligatoirement avec l’inaltérable « je vous remercie pour votre aimable attention ».
Du grand grand art. Il y a même des concours… Je crois qu’il faut être Malgaches pour supporter ça (voir lettre P comme patience).

Kakabe sola : « ogre chauve »… c’est un ogre qui habite dans les forêts et qui attrape les petits enfants pas sages pour les manger. Evidemment ce méchant ogre il est vazaha…