jeudi 24 septembre 2009

Les dé-jeûneurs publics

Le dimanche 13 septembre, en plein ramadan, environ 70 Marocains se rassemblent à Mohammedia, à 80 km au sud de Rabat. Il est 13h et ils ont décidé de casser la croûte en public et en plein jour.
100 policiers sont là aussi et finalement seulement 15 Marocains osent manger leur sandwich...
"100 policiers contre 15 sandwichs !" - titre le lendemain le journal espagnol El Mundo.
Ces Marocains voulaient protester contre l'article 222 du Code Pénal qui punit d'une peine de 1 à 6 mois de prison ferme assortie d'amendes, tout Marocain qui n'observe pas le jeûne en public.
La loi accorde une dérogation aux personnes âgées, aux malades, aux femmes enceintes ou qui allaitent, mais ils doivent tout de même se cacher pour manger.
"C'est une ingérence dans la vie privée", "une tradition antidémocratique" - affirme les membres du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, à l'origine du pique-nique public.
"Ce sont des inconscients qui ont voulu pêcher en eaux trouble" d'après le gouvernement. "C'est un acte odieux qui défie les enseignements de Dieu et du prophète" selon le conseil des Oulémas. Rien que ça.
En tous cas 15 insoumis sur 30 millions d'habitants, ça fait pas beaucoup. Et c'est quand même bizarre. Voire même hypocrite.
Toute l'année on peut voir les Marocains se promener tranquillement le vendredi midi à l'heure de la grande prière, tandis que les mosquées restent vides. On peut voir des hommes sirotant leur thé à la terrasse des cafés pendant que le muezzin s'égosille. On peut voir des caddies remplis de bouteilles d'alcool fort ou de bière à la caisse des supermarchés le week-end. On peut voir des jeunes en train de boire et fumer en discothèques jusqu'au petit matin.
Par contre pas question de ne pas faire le ramadan. Tout le monde s'y soumet et surveille son voisin... Même les piliers de comptoirs. Même ceux qui ne prient jamais.
Le Maroc, un pays musulman 1 mois sur 12 ?