mercredi 30 septembre 2009

Pastis à la menthe

La semaine prochaine toutes les stars du feuilleton "Plus belle la vie" viennent tourner chez nous pendant 15 jours ! On n'est pas des petits chanceux hein ?!
Enfin chez nous... A Agadir et Ourzazate plus exactement. C'est pas la porte à côté, mais on va se débrouiller pour se glisser dans le champs...



Il paraît que les producteurs ont hésité entre la Belgique et le Maroc pour délocaliser le tournage...

mardi 29 septembre 2009

Questions-réponses

Nous avons reçu un commentaire de JIM hier soir sur nos derniers textes. Je le publie ici, avec la réponse juste après ! J'en fais un nouveau post uniquement parce que la fenêtre de commentaires ne me permet pas de poster des textes aussi longs...

Merci à Jim pour le débat!
Voici son commentaire :

"Salut les amis,
Moi aussi je suis content de renouer contact avec vous.
Cela dit en tant qu ami je tiens à vous exprimer une certaine incompréhension par rapport au contenu des 2 derniers messages (ecole + jeûne), j avoue que je n ai pas cherché à regarder tous les autres.
L'ecole : vous etes dans un pays etranger et faire connaitre aux enfants francais la culture du pays via la langue marocaine (meme si elle n est pas parlée aujourd'hui) participe de l'integration de vos enfants dans le pays et du partage de references communes avec les autres enfants. Si vous aviez été a NY et vos enfants a l'ecole francaise auriez vous ete choqués de la meme manière que vos enfants parlent quasiment tte la journée en anglais ? La chute du message me fait penser à une sorte de xenophobie a l'envers sur le theme : s il ne sont pas bien à l ecole francaise les marocains, qu ils retournent chez eux, on sera mieux entre nous. Ou est le 'vivre ensemble' dans ce message ? Mais bon j ai sans doute mal interpreté.
Le jeune : Le ton est plus qu ironique, j irai jusqu a dire donneur de lecon. Les contradictions que vivent les cultures et les peuples sont un lieu commun et universels. Et pour avoir vecu au Maroc 1 an et demi, je n ai pas eu l impression que les musulmans du Maroc transpirent plus la contradiction que, par exemple, des catholiques pratiquants qui n'auraient pas un regard bienveillant sur leur prochain. La pratique d une religion regarde chacun d'entre nous, quelque soit la religion et quelque soit le mode et la profondeur de la pratique.
Je réagis parce que je ne voudrais pas que vous arriviez à 40 ans comme ces vieux expats en fin de vie qui trainent dans des pays en voie de developpement et qui ne supportent plus les locaux qui les entourent.
En esperant vous lire bientot dans des messages plus mesurés.
Jean marie"
Envoyé par Jim à Sur l'Ile Rouge le 28 septembre 2009 23:40


Et voici la réponse :

Jean-Marie,
Je te remercie d'avoir lu et réagi à notre blog, néanmoins je reste perplexe, et même triste de ton commentaire. Peut-être as-tu lu trop rapidement, et es-tu passé à côté de mes textes.

Concernant l'arabe : l'arabe classique enseigné à l'école française en CP est une langue écrite maîtrisée par les personnes lettrées ; c'est pourquoi nous sommes très déçus - comme tous les parents français ou d'autres nationalités étrangères - que les enfants n'apprennent pas le darija (arabe dialectal parlé dans la rue par tout le monde). Si on avait été à NY on aurait été ravi que nos enfants apprennent l'anglais. De la même façon, on souhaiterait que nos enfants apprennent le darija à l'école. Apprendre l'arabe classique est très intéressant pour comprendre la culture moyen-orientale, mais nos enfants ont 6, 4 et 1 an ! Pour l'instant on voudrait juste qu'elles discutent en darija avec leurs copains dans la cour ou avec la nounou à la maison ! Elles commencent d'ailleurs à se débrouiller très bien et adorent apprendre des nouveaux mots avec la nounou - peut-être est-ce parce que nous avons su leur transmettre notre enthousiasme pour le pays, la culture et la langue marocaine. Quant à moi je prends des cours de darija depuis 7 mois (je ne crois pas que tu aies fait cet effort lors de ton séjour au Maroc?) et j'essaye de progresser chaque jour avec mes collègues de travail... hum hum... c'est pas gagné... surtout pour les sonorités guturales...

Concernant le jeûne : le ramadan est une contradiction flagrante dans la pratique religieuse du Maroc, c'est une opinion que partagent beaucoup de Marocains qui souhaiteraient justement pouvoir ne pas jeûner, ou jeûner seulement une partie du ramadan, selon leurs convictions personnelles. Comme tu le dis, la pratique religieuse regarde chacun d'entre nous : c'est exactement l'objet de mon texte ! Je m'étonnais en effet de la rigidité et de la pression de l'Etat (peine de prison pour une rupture de jeûne par exemple) pendant le ramadan ; ça ne correspond pas à ce que vit la population toute l'année, qui se sent de fait contrainte et sous surveillance pendant le jeûne.
Tu as peut-être confondu "Maroc" et "Marocains" dans ma réflexion ? Je ne juge pas les Marocains, j'ai au contraire essayé de donner de la visibilité aux 15 courageux (car il en a fallu du courage pour braver l'interdit, en sachant que ça se finirait par 6 mois de prison... c'est un acte héroïque à mon avis) qui ont mangé leur sandwich en pleine journée. J'ai aussi essayé de montrer la rigidité de l'Etat, de la loi, de la police, qui pousse la population à se surveiller 1 mois sur 12.

Au delà de ces deux textes, je tiens à te dire à quel point j'ai été blessée par tes propos. Nous entamons notre 7è année à l'étranger, j'ai connu Madagascar comme très peu d'expatriés peuvent connaître ce pays, j'ai fait des reportages partout dans le pays, et notamment auprès des plus pauvres, j'ai essayé d'appréhender la culture et les complexités de ce pays en profondeur. Aujourd'hui je m'implique pour le Maroc en travaillant pour une association marocaine, aux côtés des Marocains, en faveur des enfants exploités et abusés.
Nous sommes arrivés à Madagascar, puis au Maroc sans rien connaître de ces 2 pays bien différents de la France. Mais nous sommes très curieux ! Et nous nous investissons chaque jour pour essayer de découvrir, de comprendre, dans le but de nous intégrer dans notre pays d'accueil. Nous avons une démarche d'intégration bien différente de beaucoup d'expatriés et je suis blessée que tu nous compares à des "vieux expats qui ne supportent plus les locaux", je suis encore plus choquée que tu te permettes de nous taxer de xénophobie.
Tu as certes vécu 16 mois au Maroc ; nous, nous avons choisi de vivre à l'étranger sans date de retour : je ne crois pas que nous ayons des leçons à recevoir sur les difficultés de l'interculturalité. Nous ne "traînons pas dans des pays en voie de développement". Au contraire, nous vivons au quotidien le "vivre ensemble" depuis plus de 6 ans, à Madagascar et au Maroc ; c'est très riche, c'est passionnant et c'est parfois difficile car il faut de longues années pour comprendre un peuple et une culture. On tatonne dans notre découverte, on s'émerveille, on s'interroge, on s'étonne, et surtout on essaye de partager tout ça avec nos enfants, mais aussi avec nos proches. Et nous nous exprimons à vif sur notre blog.

Enfin, à propos du blog, tu n'as sans doute pas compris qu'il s'agit d'un blog coups de coeur / coups de gueule, qui ne traduit pas de façon exhaustive ce que nous vivons. Nous écrivons simplement des impressions et des anecdotes ; pour les nouvelles plus complètes nous envoyons des mails à nos proches.
Ce blog a démarré comme une "radio-pirate" : je pouvais y écrire tout ce que je n'avais pas le droit de dire sur les ondes, au moment où les tensions politiques étaient grandes à Madagascar et me condamnaient à l'autocensure dans mes papiers à l'antenne. J'ai conservé le ton impertinent et anecdotique, mais l'ironie n'empêche pas d'aimer je crois... Vu nos difficultés depuis notre arrivée, nous serions partis depuis longtemps si nous n'aimions pas le Maroc.
Ce blog est quelquefois un exhutoire et contient beaucoup d'ironie ; je crois que quand on est expatrié depuis si longtemps c'est un espace d'expression indispensable. Nous avons adoré Madagascar, nous adorons le Maroc et nous refusons, nous, de vivre dans une bulle comme beaucoup d'expatriés. Nous accueillons les proches qui nous rendent visite avec enthousiasme ; nous prenons du temps pour leur faire découvrir au mieux le pays (même si on manque encore de bonnes petites adresses secrètes spéciales visiteurs ! mais ça vient...) ; mais nous avons aussi besoin de sourire, taquiner, critiquer, pour réfléchir à voix haute sur notre pays d'accueil. Nous sommes au Maroc depuis plus d'un an, nous découvrons chaque jour un peu plus le Maroc : c'est donc un blog qui vit et qui se périme !

Jean-Marie j'espère que tu prendras la peine de prendre de nos nouvelles pour savoir ce qu'on vit, et de lire ce blog (près de 90 messages depuis 3 ans...) pour sourire un peu... Ne nous juge pas si vite... Bonne lecture !


vendredi 25 septembre 2009

Le Coran à l'école de Jules Ferry

Réunion de parents d'élèves pour le CP hier soir.
Les 3/4 de la réunion ont été monopolisés par Mohammed le prof d'arabe et les questions des parents marocains (90% des élèves de la classe sont marocains, 2 sont Français et 1 élève vient d'Afrique de l'ouest).
Après avoir demandé (sans rire) s'il devait faire son intervention en français ou en arabe, Mohammed a pris le livre et les cahiers d'exercices et a détaillé toutes les leçons, les objectifs de l'année, les apprentissages en cours, les thèmes étudiés, etc. On a donc pu découvrir qu'en CP, à l'école FRANÇAISE, on fait 3 heures d'arabe par semaine (5 heures à partir du CE1), avec règles de grammaire, conjugaisons et lignes d'écriture.
Pire : on a découvert qu'il s'agissait d'un enseignement d'arabe classique. Autrement dit l'arabe littéraire, l'arabe du Coran, l'arabe du VIIè siècle. L'arabe classique est une langue strictement écrite, qui ne se parle pas et qui n'a pas bougé depuis 14 siècles. D'ailleurs personne - au Maroc ou dans d'autres pays - ne parle cette langue comme langue maternelle. Les personnes lettrées la maîtrisent à peu près ; le Marocain moyen en maîtrise une forme simplifiée : l'arabe des journaux et des discours officiels.
Cet arabe classique est très différent de l'arabe dialectal qui lui est la langue d'expression orale, l'arabe de tous les jours, l'arabe de la rue, bref la langue utile à apprendre.
Mais non... A l'école française on apprend l'arabe du Coran ! On en apprend les subtilités grammaticales, on apprend à l'écrire, on apprend des poésies médiévales.
Tiens je me demande même s'ils n'apprendraient pas le Coran en douce.


Quoi qu'il en soit, c'est maintenant une certitude : l'école française du Maroc est définitivement faite pour les élèves marocains - on l'avait d'ailleurs déjà remarqué pendant le ramadan où les horaires de classe avaient changé pour être adaptés au "rythme ramadan".
Et hier soir à la réunion, les parents d'élèves, la voix angoissée : "Mais vont-ils avoir un niveau d'arabe classique aussi bon que dans une école privée marocaine ?". "Pourquoi n'y a-t-il que trois heures par semaine ?". Et "que peut-on faire pour les faire travailler en plus ?"
Ben... mettre ses enfants dans une école marocaine par exemple, pas dans une école française !

jeudi 24 septembre 2009

Les dé-jeûneurs publics

Le dimanche 13 septembre, en plein ramadan, environ 70 Marocains se rassemblent à Mohammedia, à 80 km au sud de Rabat. Il est 13h et ils ont décidé de casser la croûte en public et en plein jour.
100 policiers sont là aussi et finalement seulement 15 Marocains osent manger leur sandwich...
"100 policiers contre 15 sandwichs !" - titre le lendemain le journal espagnol El Mundo.
Ces Marocains voulaient protester contre l'article 222 du Code Pénal qui punit d'une peine de 1 à 6 mois de prison ferme assortie d'amendes, tout Marocain qui n'observe pas le jeûne en public.
La loi accorde une dérogation aux personnes âgées, aux malades, aux femmes enceintes ou qui allaitent, mais ils doivent tout de même se cacher pour manger.
"C'est une ingérence dans la vie privée", "une tradition antidémocratique" - affirme les membres du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles, à l'origine du pique-nique public.
"Ce sont des inconscients qui ont voulu pêcher en eaux trouble" d'après le gouvernement. "C'est un acte odieux qui défie les enseignements de Dieu et du prophète" selon le conseil des Oulémas. Rien que ça.
En tous cas 15 insoumis sur 30 millions d'habitants, ça fait pas beaucoup. Et c'est quand même bizarre. Voire même hypocrite.
Toute l'année on peut voir les Marocains se promener tranquillement le vendredi midi à l'heure de la grande prière, tandis que les mosquées restent vides. On peut voir des hommes sirotant leur thé à la terrasse des cafés pendant que le muezzin s'égosille. On peut voir des caddies remplis de bouteilles d'alcool fort ou de bière à la caisse des supermarchés le week-end. On peut voir des jeunes en train de boire et fumer en discothèques jusqu'au petit matin.
Par contre pas question de ne pas faire le ramadan. Tout le monde s'y soumet et surveille son voisin... Même les piliers de comptoirs. Même ceux qui ne prient jamais.
Le Maroc, un pays musulman 1 mois sur 12 ?

mercredi 23 septembre 2009

Le retour !!!!

Salam Aleikoum ! Aid Moubarak ! Labès ??!
C'est la fin du ramadan et l'heure des grandes résolutions... A la demande générale nous reprenons donc ce blog - bien qu'il porte toujours aussi mal son nom!
En effet nous sommes toujours au pays des dromadaires (mais ils sont où?), des cornes de gazelle et du thé à la menthe (ça oui on a testé).
Pour fêter la fin du ramadan (ho que oui ça se fête!) et notre héroïsme (si si je vous assure), nous avions prévu un petit week-end au bord de la Méditerranée dans la région de Tétouan. Notre propriétaire insistait depuis des mois pour nous prêter son palais là-bas ; avec l'Aid et le week-end de 4 jours c'était donc l'occasion d'en profiter.
Après 3 bonnes heures de route, nous arrivons dans un village très chic pas loin de Ceuta. Le Palais est en face de l'entrée du Club Med selon le plan de la proprio, c'est tout simple. Une heure plus tard et 3 km plus loin nous finissons par trouver la rue du Palais (en face du Club Med à 3 km près donc... ben voyons... elle a pas fait carto la proprio).
Dans la ruelle s'alignent les villas somptueuses à colonnades en stuc, terrasses monumentales et piscines bleues turquoise (bien entendu visibles de l'extérieur... sinon à quoi ça sert d'avoir une piscine ??).
Toute la ruelle ? non. Au milieu, une maison abandonnée aux vitres cassées dénote avec le reste de ce décor à paillettes. On fait semblant de ne pas la voir, on cherche notre Palais... Non... non c'est pas possible... Il y a forcément une erreur...
Héé si, la maison hantée tout droit sortie d'un film d'horreur est bien la "nôtre". Mais comme c'est notre jour de chance, impossible de rentrer dedans : la propriétaire (quelle farceuse hein?) s'est trompée de clé. On escalade la terrasse, on force un volet et on parvient à entrer par la fenêtre. A l'intérieur pas d'eau, pas de drap ni de couverture, des champignons plein de frigo, pas de vaisselle... mais des salons marocains très équipés par contre.
Retour illico à Rabat, après une très chouette visite de Chefchaouen (la capitale du shit marocain), sa medina toute bleue, ses ruelles en pente, ses remparts, ses altermondialistes en dreadlocks et ses revendeurs de shit pas franchement discrets ("j'ai de la bonne, t'en veux ?"... bien sûr mon frère je leur en mets dans le biberon tous les matins!).
Moralité : ne pas faire confiance à un Marocain qui prétend avoir un palais... Ou alors attendre la fin du ramadan qu'il ait retrouvé ses esprits.
Et conclusion : un week-end de l'Aid à Rabat c'est très sympa aussi!