jeudi 5 novembre 2009

On a perdu (le) Nour

Le Week-end dernier Jeanne et Lily étaient invités par Nour, le fils de Sanaa, notre nounou, pour fêter comme il se doit ses 5 ans... L'anniversaire version marocaine est assez surprenant pour notre culture occidentale ...

Nous voilà donc partis - avec une heure de retard - pour la Médina. Premier défi : trouver la maison de Nour... Heureusement que Soria (notre autre nounou) était là pour nous guider : on connait la Médina, ses grandes artères, le marché central et la rue des Consuls... Mais la Médina, la vraie, il y a de quoi se perdre... Après être entré dans la médina par une porte annexe et avoir marché dans une rue commerçante encombrée, nous tournons dans une petite rue et tout au fond nous nous arrêtons devant une porte cochère, un escalier sombre... Au premier étage : une musique assourdissante nous tombe dessus. Nous nous retrouvons donc tous les 4 (Pop's est invitée à un autre anniversaire) dans une pièce de ... 8 m² environ, LE salon marocain typique : tapis, table ronde, et banquettes le long des murs. La télévision et la chaine Hifi trônent en bonne place et hurlent (y a pas d'autres mots) des clips marocains et arabes.
Nous ne sommes pas les premiers, mais malgré notre bonne heure de retard, nous sommes loin d'être les derniers. C'est comme ça que ça se passe ici : une heure est toujours approximative... Compter une à deux heures de retard pour une soirée, une bonne demi-heure pour un rendez vous, si vous voulez arriver dans les temps.
Accueillis par Sanaa, la maman de Nour, en grande robe marocaine, cintrée, maquillée, et son mari, elle nous indique une place au fond de la pièce, sur la banquette... Ha... Jeanne et Lily coincées sur une banquette c'est pas gagné...
La famille arrive et défile, la grand mère, la grand tante, les tantes, les soeurs... pas beaucoup d'hommes... 3 pour être exact : le mari de Sanaa, son frère, et moi.
Mais où est Nour ?
Le thé arrive ... les ch'békia ... Lily est dans son élément et elle se met à danser au milieu du salon, au rythme des clips marocains ou égyptiens, et taper des mains comme les autres, au milieu des youyous, des chants et des versets du Coran repris en coeur pour l'occasion par l'assemblée...
Une heure plus tard, nous sommes toujours là, coincés au fond du salon, avec toute la famille de Sanaa assise en brochette sur les banquettes... Personne ne se parle vraiment ; d'ailleurs il faudrait pouvoir crier plus fort que la télé... personne n'a semble-t-il le courage de tenter. Donc on se regarde et on se sourit d'une banquette à l'autre ; on se laisse parfois capter par un clip à la télé ; on mange quelques gateaux quand Sanaa passe avec un nouveau plateau. Lily fait rire les vieilles tantes... faut dire que recevoir une petite famille françaouia c'est pas courant...
Toute le monde se tient tranquille sur sa banquette, y compris les rares - très rares - enfants présents à cet anniversaire... Mais forcément, au bout d'une heure et demi, un ou deux commencent à se chamailler et à jouer au milieu des invités. Immédiatement ils se font attraper par la grand mère. Là une parenthèse s'impose : je me dois de vous décrire un peu la grand mère. C'est une vieille dame très ratatinée, mais très alerte. Son visage est comme tout chiffonné, avec deux petits yeux noirs et pétillants qui essayent de se faire un peu de place au milieu de toutes ces rides.... On dirait une carte postale, avec son voile coloré et ses tatouages traditionnels sur le visage. Elle a l'air gentille et pleine de vie ... Mais quand elle se fâche contre les enfants, imaginez-vous une sorcière deux fois plus grande que vous, qui vous attrape par le col de la chemise et vous dit des choses pas vraiment gentilles avec un air pas content du tout. Drame...
Mais ou est Nour ?
Soudain Sanaa éteint la télé... Haaa... quel bonheur ce silence... Mais le répit est de courte durée, car un groupe de musiciens arrive dans le petit salon : ils jouent d'une sorte de trompette traditionnelle assez stridente, du tambourin et chantent des airs marocains. Les banquettes se vident d'un seul coup, toute la famille est debout, danse au milieu du salon, tape dans les mains ; c'est très joyeux. Au bout d'un quart d'heure le groupe repart aussi soudainement qu'il est arrivé... et on remet la télé bien sûr !
Toujours pas d'anniversaire - du moins pas au sens où on l'entend en France. Pas d'animation pour les enfants, qui d'ailleurs ne sont pas franchement le centre de la fête. Sanaa et son mari sont invisibles et passent de temps en temps pour vérifier que leurs invités, et surtout nous, ne manquons de rien. Gâteaux, thé (excellent d'ailleurs)...
Mais où est Nour ?
Nour est bien là en face de nous, assis sur sa banquette ; il trouve le temps un peu long et les dessins animés qui défilent sur la télé, entrecoupés de séries américaines et de clips arabes, ne suffisent pas à l'intéresser.
Soria est là pour nous expliquer un peu ... heureusement.
Ainsi se passent les anniversaires au Maroc : il serait très impoli de la part des hôtes de s'assoir auprès de leurs invités pour animer la conversation. Leur rôle est de s'occuper de la cuisine et de faire tout pour que les invités n'aient pas à lever le petit doigt de l'après midi. Une fête réussie est une fête où toutes les banquettes sont remplies...
L'anniversaire, comme la plus part des fêtes marocaines est une fête familiale, où nous invitons donc la famille et les amis proches ... Mais pas nécessairement les enfants. Cette fête durera jusqu'à 22h au moins (nous sommes là depuis 15h !! il est 17h30 ...) et le gâteau n'arrivera qu'en fin d'après midi. En attendant on danse un peu, on boit du thé et on mange des gâteaux. Assis sur sa banquette.
Alors faisons comme tout le monde... nous mangeons, buvons et dansons !
Mais il faut quand même que nous rentrions, et avant 18h nous quittons nos hôtes, que nous remercions plus que chaleureusement ... Ils sont un peu étonnés de nous voir partir si tôt, mais dans l'affaire nous avons décroché une invitation pour l'Aïd ! et ça aussi on y sera, c'est promis !