Je suis allée ce matin sur l'une des décharges de Tana, au pied des collines du centre-ville :
Imaginez un immense tas d'ordures. Plus grand que plusieurs terrains de foot. On ne sait même plus sur quoi on marche, les couches d'ordures sont superposées depuis des dizaines d'années, ça sent très mauvais. Toute la journée et toute la nuit des camions déversent des tonnes de déchets dans cette décharge. Et à chaque fois qu'un camion arrive, des dizaines, des centaines de gamins courent de toutes leurs forces pour grimper les premiers et récupérer tout ce qu'ils peuvent. Ils se jettent dans le tas d'ordures, se disputent les meilleurs bouts de tissu, les boites en aluminium, les morceaux de carton ou les épluchures.
Les camions les plus intéressants arrivent la nuit entre 19h et 4h du matin. Donc les enfants ne dorment pas, ils travaillent la nuit avec tous leurs frères et soeurs et leurs parents, et au petit matin ils partent vendre leur récolte sur les "marchés" de récup'. Ils se reposent l'après-midi... sauf si un camion intéressant arrive, comme ceux des usines textile remplis de chutes de tissus.
Ces enfants sont nés là et ne connaissent rien d'autre que la décharge. Quand je leur ai demandé s'ils voulaient arrêter ce travail et quels étaient leurs rêves, ils m'ont répondu "c'est quoi un rêve?". Quant aux parents ils disent qu'ils ne savent rien faire d'autre et que trier les ordures c'est la meilleure activité pour survivre : ils arrivent à gagner 5 000 ariary (2 euros) une très bonne nuit. Mais parfois ils ne trouvent rien, la récolte est mauvaise et il faut passer une journée sans manger.
Ces enfants sont nés là et ne connaissent rien d'autre que la décharge. Quand je leur ai demandé s'ils voulaient arrêter ce travail et quels étaient leurs rêves, ils m'ont répondu "c'est quoi un rêve?". Quant aux parents ils disent qu'ils ne savent rien faire d'autre et que trier les ordures c'est la meilleure activité pour survivre : ils arrivent à gagner 5 000 ariary (2 euros) une très bonne nuit. Mais parfois ils ne trouvent rien, la récolte est mauvaise et il faut passer une journée sans manger.
Vers midi j'ai quitté les enfants de la décharge pour aller célébrer la fête nationale allemande à la Villa Berlin, la résidence de l'Ambassadeur. Tout le gratin de Tana était rassemblé au bord de la piscine sous les parasols, se régalant d'une bonne choucroute arrosée d'une coupe de champagne, et glosant sur la pauvreté et le développement.
Les restes du cocktail arriveront sûrement vers 19h à la décharge.